Depuis trois ans nous marchons sur des axes pastoraux discernés en Equipe d’ Animation Pastorale pour cheminer dans la foi. La première année (2022-2023), nous étions sur l’évangélisation et l’appel à la conversion dans la vie communautaire. Pas de vie dans le Christ sans conversion, entendons-nous tout au long des Ecritures. La deuxième année (2023-2024) nous avons ouvert l’année de la famille et une réflexion sur la pastorale des jeunes, des personnes âgées et des personnes en situation de handicap. L’ouverture aux AFC (Association Familiale Catholique) a permis de proposer une catéchèse spécialisée pour les jeunes en situation de handicap, développer l’aumônerie avec une belle participation au week end « jeunes » proposé par le diocèse en novembre dernier. Ces points importants ont apporté une belle
cohésion. Nous commençons l’année pastorale (2024-2025) avec une attention particulière à la vie dans l’Esprit et à notre responsabilité de témoigner du Christ Sauveur.

Nous sommes transformés par la Parole de Dieu et la vie sacramentelle, encore faut-il vraiment en témoigner. Recevoir l’Esprit Saint dans notre vie nous ouvre à une dynamique de l’amour où tout est don. Dans la civilisation de l’amour, nous voici appelés à nous mettre au service des uns et des autres, signe de fécondité et d’authenticité de la grâce de Dieu en nous. « La parole pénètre plus facilement dans le cœur de celui qui écoute lorsqu’elle est encouragée par les actions de celui qui la dit, car tout en invitant de la voix, il aide à l’accomplir par son exemple. » 1 Nous pouvons nous dire chrétiens mais il nous faut vivre dans la réalité de la communauté paroissiale et la communion fraternelle notamment par le service. L’amour de Dieu passe par le souci du frère, et la prière de louange pour présenter au Seigneur nos demandes et rayonner de sa grâce en toute occasion.

Le lien entre la Parole de Dieu et la prière de louange est très fort, puisque les psaumes et des cantiques de louanges jalonnent toutes les saintes Écritures. Saint Grégoire rappelle également l’importance de la louange dans l’unité des chrétiens. « Pesez bien, … ce qu’est le mal de la discorde, puisqu’elle fait rejeter cela même qui délie du péché. Mais les élus, eux, sont toujours unis dans la charité ; et cette charité chante un chant de louange à leur Créateur, et inflige la peine de l’effroi aux esprits du mal, leurs antiques ennemis » 2 On pourrait en déduire à la suite de ce grand saint Docteur que la prière commune de louange et le développement de la charité entre nous provoquent un rejet explicite et efficace de l’antique ennemi. Ainsi, nous pouvons comprendre la prière de louange et l’exercice de la charité comme un exorcisme puissant. La recherche de communion dans la prière est la porte d’entrée vers une sainteté commune de ceux qui par le baptême sont élus. « C’est une armée en marche, et l’on entend bien comme ‘la rumeur d’une armée en campagne’, car leurs rangs résonnent, à la louange du Dieu Tout Puissant, du cliquetis du glaive des vertus et de l’arme des miracles » 3 Le témoignage de notre foi passe par la charité
fraternelle et la capacité à louer Dieu en toute occasion. La vie dans l’Esprit est l’expression d’un appel à la prière de louange et le témoignage dans tous nos actes de la joie de Dieu en nous. Croire est joie.

1 P 181, Règle pastorale tome I St Grégoire le Grand RG II-3
2 P 289 Homélie VIII, 9 St Grégoire le Grand op cité

Certes, nous devons sans cesse écouter la parole de Dieu vivante. Dans notre façon d’être et de nous comporter, elle nous demande d’agir par l’exemple de notre vie et de témoigner ainsi de la grâce reçue. Il s’agit d’un engagement fort de notre volonté afin de témoigner de la richesse de notre foi. Ce n’est pas du tourisme spirituel pour des spectateurs de la foi passant à côté du Christ sans le voir, ou des mercenaires de la foi s’engageant dans ce qui est utile sans y percevoir le sens, ni mettre l’amour de Dieu entre parenthèse, mais un appel à nous engager, dans la vie de l’Église et la réalité du quotidien afin de bâtir la civilisation de l’amour. « Vous ne connaitrez jamais vraiment les Écritures tant que vous ne vous laisserez pas transformer par elles » 4 Dans la grâce de la rencontre nous sommes entrainés à la suite du Christ sur le chemin de vie pour faire la volonté du Père et nous changeons intérieurement pour le laisser œuvrer selon notre vocation propre et son dessein d’amour. L’appel à vivre en Dieu demande l’humilité pour le recevoir et qu’Il puisse nous mettre debout. « Quand nous nous prenons conscience que nous sommes cendre et poussière, quand, réfléchissant à la faiblesse de notre condition, nous ne nous haussons pas raidis et fiers, alors le Dieu Tout-Puissant nous relève par son Esprit et nous met debout sur nos pieds. » 5 Le témoignage de vie n’est pas tant sur nos propres forces que sur la puissance agissante de Dieu dans notre vie, et notre faculté à nous rendre disponibles à sa grâce. L’annonce du Salut est l’expérience d’une rencontre de l’amour et d’un changement de vie qui m’orientent vers le meilleur bien.

L’appel à lutter contre la discorde demande un cœur de compassion pour retrouver dans toute relation au frère la volonté de vivre en communion et d’accueillir le pardon comme un renouvellement d’être soi dans le regard bienveillant porté sur le prochain. « La compassion a les yeux ouverts sur le bien et le mal et trouve dans l’un et l’autre des raisons d’aimer. C’est le seul amour ici-bas qui soit vrai et juste » 6 La vie dans l’Esprit accueille cette raison d’aimer au-delà des normes morales, notamment dans la dimension fraternelle d’images de Dieu appelées à la ressemblance. Le Christ en est l’exemple parfait sur la croix. « Père pardonne leur ». Rien ni personne ne peut arrêter l’amour. L’Esprit nous apprend à le vivre dans le juste rapport à Dieu, à nos frères et à nous-même et en cohérence avec toute la création. Nous devons être disponibles pour être acteurs de la grâce partagée et responsables envers tous du don reçu en tant que serviteurs fiables.

3 P 291 Homélie VIII, 10 St Grégoire le Grand op cité
4 P 274 Citoyen du Ciel Brother Yun
5 P 497 Homélie XII, 5 St Grégoire le Grand – Homelie sur Ezechiel
6 P 220L’enracinement – Simone Weil

Père Gregoire BELLUT – Curé – Doyen

 

L’éducation du désir dans une conscience de la liberté (suite et fin)
Etre libre ne se déclare pas, mais se vit dans tous nos actes quotidiens, comme un prolongement des possibles tout en gardant l’horizon ouvert. Une vérité dans le fait d’être soi pleinement, et non programmé à des tâches, mais dans une audace de créativité ou je puis m’épanouir franchement et totalement comme fils de Dieu appelé au bonheur pour l’éternité.

Il s’agit d’une transformation de l’être par la vie divine, une rencontre avec Jésus qui m’ouvre à d’autres choix parce que le bonheur est promis à ceux qui sont en communion avec Lui. Non un bonheur des biens ou des réalités terrestres, mais ce bonheur d’une fraternité retrouvée en Dieu et à l’écoute des béatitudes dans la simplicité du dialogue et la recherche de paix à travers notamment la vérité de l’amour et l’accueil de la miséricorde. Le sens de l’eucharistie dans cette transformation du croyant appelé à communion avec Dieu, prend par exemple un écho dans le travail, comme le formule si bien la philosophe Simone Weil 2 . « L’homme se mange lui-même ; il mange son travail. L’homme donne son sang, sa chair à l’homme sous forme de travail. L’homme se donne à l’homme en tant que travail » 3 Il y a une corrélation entre le don de l’eucharistie et la participation de l’homme à l’œuvre de création par son travail, et le don sincère de lui-même. Une même synergie ou nous voyons que dans nos choix nous pouvons participer par grâce à l’œuvre de Dieu dans un quotidien si ordinaire. Le don participe à l’expression d’être pleinement soi. L’amour de Dieu pour l’homme s’exprime d’ailleurs à travers la Personne Don, l’Esprit Saint, mais se vit au cœur même de la Trinité comme expression personnelle de l’amour. On pourrait même sans dissocier, exprimer l’amour dans une triple voie opérante de la volonté dynamique à travers la Parole et le Don. L’amour se donne à manger, c’est-à-dire participe à la relation dans un apport nutritif et total d’un choix déjà fait et qui nous demande alors d’être cohérent dans le temps. Le témoignage de vie est à comprendre dans cette liberté de l’amour vécue dans la Philosophe humaniste et baptisée peu avant sa mort, née le 3 fevrier 1909 et morte le 24 aout 1943 de culture juive, mais agnostique, elle opère un rapprochement avec le catholicisme tout en ayant du mal avec l’institution, d’où son baptême tardif. (ne pas confonde avec la femme politique Simone Veil) vérité de nos choix et selon une cohérence.

1 2 Co. 3,17
2 Philosophe humaniste et baptisée peu avant sa mort, née le 3 fevrier 1909 et morte le 24 aout 1943 de culture juive, mais agnostique,
elle opère un rapprochement avec le catholicisme tout en ayant du mal avec l’institution, d’où son baptême tardif. (ne pas confonde avec
la femme politique Simone Veil)
3 Œuvres complètes Tome 1 Simon Weil p 378-379

D’ailleurs, on peut donc parler de participation dans l’accomplissement des choix que nous faisons, à une communauté humaine, et à l’effort de rechercher le bien commun comme fondement de toute relation. L’amour est-il une expression solitaire ou bien imprègne-t-il toujours une dimension communautaire ? Et ne doit-on pas voir la personne à travers la communauté sans tomber dans les deux travers de l’individualisme ou du seul communautarisme ? « La question […] peut se poser de savoir si cette expérience de l’agir « en commun avec d’autres » n’est pas l’expérience fondamentales, et si, en conséquence, la conception de la communauté et de la relation ne doit pas être présupposée par celle qui traite de la conception de la personne » 4 . Les choix personnels que nous posons impliquent-ils toujours la relation à l’autre ? On ne peut traiter de la relation nous dit le philosophe devenu pape, sans se soucier de ce qui fait la personne humaine et son juste rapport à l’autre. La conception de la personne nous resitue l’acte dans une dimension logique de la cohérence à ce qui l’entoure et ce que cela implique.

En poursuivant la réflexion, la question posée est de savoir ce qui est premier entre l’acte personnel et l’acte d’interaction avec l’autre et ce que cela dit de la personne. Or l’expression de nos choix est toujours interrelationnel, par conséquent tout acte est portée par la communauté, et non présupposée portée par elle. C’est important de rappeler dans cette citation l’importance de l’autre comme expression de mes actions 5 . Le désir trouve son espace dans l’expression personnelle d’une relation au créé. L’appel à la sainteté est à retrouver dans cette exemplarité de vie à travers une époque donnée et un contexte particulier pour redire la grâce et la manifestation de la surnature dans un quotidien fait d’incertitude, de conversion et de conscience droite. Le choix devient l’expression de la vie dans l’Esprit et porte du fruit. De plus l’histoire de la personne induit des comportements et des réflexions propres à l’expérience. Si nous venons d’une Eglise des martyrs, comme nous pourrions le définir par exemple en Chine ou dans les chrétiens d’orient, la dimension de la croix est clairement présente et implique une radicalité dans les choix. Néanmoins, dans une société française assez corrosive dans l’expression de la foi, dans un détournement idéologique toujours présent (l’ouverture des JO en est un exemple) et l’impératif de respecter la paix sociale nous demande d’autres expressions de la foi dans le témoignage de vie, et l’appel à la gratuité de l’amour, retrouver ce juste bonheur demande de méditer la Pâques du Seigneur et de réveiller en nous l’ardeur de la foi pour partager vraiment cette liberté de croire en notre Rédempteur. La conception de la personne dit la valeur de la vie et de la dignité de tout être humain. Les régimes dictatoriaux nous l’ont bien fait comprendre par l’absurdité de leurs pensées.

4 P 337 Personne et Acte, Karol Wojtyla (Jean Paul II)
5 L’agir n’est pas une valeur personnelle dénuée de tout apport extérieur, mais d’abord l’expression d’une identité dans une communauté
humaine, et reliée à elle pour construire une singularité qui forme sens.

En communauté de croyants, cet agir se vit dans l’expérience de l’Esprit Saint, mais chasse aussi toute peur, pour se laisser cheminer dans la confiance des verts pâturages, en compagnie de Jésus, fidèle Pasteur. Tout acte de la personne demande d’être vu comme l’expression d’une relation qui touche à
toute l’humanité, même le plus intime dans le lieu le plus secret. L’appel à nous laisser vivifier dans la foi dans cette recherche de la vérité pour vivre l’amour en actes nous rend responsables des conséquences, et d’éventuels dommages occasionnés, même si tout n’était pas perçu ainsi au départ. Le manque d’anticipation, ou de perception des conséquences ne peut être une excuse à la faute, même si elle l’amoindrie. Une erreur par ignorance 6 est toujours moins grave qu’une erreur dans une pleine conscience.

Vivre la foi est un espace de liberté que nous devons cultiver à la lumière de la charité pour éclairer nos choix de la présence de Dieu et rendre un témoignage crédible. « C’est pourquoi nous ne perdons pas courage, et même si en nous l’homme extérieur va vers sa ruine, l’homme intérieur se renouvelle de jour en jour. » 7 Travailler en profondeur notre histoire pour y puiser la lueur de l’action de Dieu dans notre vie, car Lui agit toujours, c’est nous qui sommes sourd à sa présence. Il est à coté de nous à chaque pas de notre vie, Il est au milieu de nous à chaque eucharistie, Il est en nous lorsque se manifeste la vie de l’Esprit Saint. L’appel à retrouver une intériorité dans notre vie, demande de puiser à la source de la vie la liberté de l’amour pour l’exprimer dans la responsabilité de nos choix et en pleine conscience de notre vocation d’image de Dieu. C’est avec autorité que je peux exprimer cette filiation d’enfant de Dieu,
d’enfant de Roi du Ciel, autrement dit de citoyen du ciel, qui témoigne sur terre de cette présence incessante de l’amour fécond et gratuit qui se reçoit et se partage. La liberté est fruit de l’amour et son action. « L’amour ne cherche hors de lui-même ni sa raison d’être ni son fruit : son fruit, c’est l’amour même. J’aime parce que j’aime. J’aime pour aimer. » 8

Père Gregoire BELLUT – Curé – Doyen

 

6 Sauf en cas d’ignorance crasse, c’est-à-dire une volonté de ne pas savoir pour ne pas (en) avoir à rendre compte
7 2 Co. 4,16
8 Sermon de S Bernard sur le cantique des cantiques

Le choix de l’amour comme fondement ontologique (suite)

(…) A contrario, la conversion se vit dans une communion d’amour capable de pardon et de réconciliation, c’est-à-dire de renouer le lien fraternel et d’avoir un regard de bienveillance en toute situation pour permettre à d’autres choix. L’amour nous ouvre les portes de la liberté pour grandir en présence du Seigneur et accueillir la réalité fraternelle comme une richesse et non comme une entrave. Savoir pardonner est le principe même d’une vie accueillie dans le lit du fleuve comme une réalité
dynamique d’événements, par des passages stagnants mais aussi des cascades, par des obstacles, et des ouvertures jusqu’à la mer. L’impossibilité d’un barrage de toute hauteur, pour empêcher l’eau de passer, prend à la gorge et devient en soi un mal. Une muraille de chine laissant la lèpre du péché se développer en dehors jusqu’à faire pourrir en dedans. La prudence quant aux possibilités de changement demande la vérité de la contrition, et la résolution du changement pour accompagner la personne dans une nouvelle dynamique, et des transformations qui portent en eux-mêmes une certaine croissance et la possibilité d’un fécondité de vie, et non d’une eau stagnante tel le marécage. Il aura bien fallut accueillir Saul devenu Paul, et lui donner une place dans la communauté. Le Fils ainé aurait dû avoir ce regard de bienveillance du frère et lui faire une place au lieu de tenir son cœur fermé à la grâce. Beaucoup de nos
choix sont à relire dans la temporalité avec toute la prudence du contexte pour ne pas être source d’enfermement (ni source de dévoiement comme nous l’avons signalé auparavant). Seul l’amour nous rend vraiment libre, c’est-à-dire capable de rechercher le meilleur bonheur dans le contexte d’une réalité quotidienne à découvrir chaque jour. Voici un exercice d’une liberté en devenir dans l’action de grâce de la rencontre fructifiante pour nous régénérer en présence du Seigneur et témoigner ainsi de notre foi.

Néanmoins la loi peut être aussi perçue comme un barrage d’énergie, pour laisser passer la grâce dans les turbines de la purification de tout notre être afin d’apporter l’énergie nécessaire à notre volonté pour exercer notre responsabilité propre de fils de Dieu, enfant d’un même Père. Pas d’eau stagnante mais un courant qui part à coup s’échappe pour laisser la force de la nature s’épanouir. Le souffle de l’Esprit Saint donne l’impulsion nécessaire à l’amour sans abroger la loi, mais former le sens premier dans le projet Créateur. La loi est sens de Dieu, l’amour l’expression dans la vérité de nos actes et la réalité du moment. Dans ce triptyque, la loi, l’amour et la vérité sont toujours présent dans notre histoire lorsque nous les actionnons avec justice et dans un discernement prudentiel ; pas de liberté sans prudence, et humilité,
chaque jour il nous faut mieux connaitre les réalités du moment sans substituer l’un des critères par rapport aux autres, mais y lire une forme de complémentarité dans une articulation de ce qui correspond au don de Dieu et au devoir de témoignage. Le choix de l’amour se vit dans le cadre de la loi et demande d’agir dans la vérité de tout notre être. Une cohérence d’être dans la communion de la relation est à percevoir comme un accroissement de la vie en Dieu par l’irradiation des grâces sanctifiantes. Si la
liberté est la recherche du bien, alors l’amour en est sa beauté et la vérité son expression. Or l’énergie à déployer dans ce choix de l’amour demande dans cette attraction atomique de la loi, l’amour et la vérité, la fission nécessaire pour irradier nos relations de la grâce. L’important n’est pas tant de dire la vérité jusqu’à parfois l’assener, mais de vivre la relation comme une rencontre ou nous sommes capable d’autres choix à travers la créativité de l’amour et de se rappeler que la loi est là pour nous aider à progresser dans l’énergie nécessaire pour le cœur de Dieu. Certes Dieu agit en premier, mais nous avons à contribuer à son œuvre par notre disponibilité à sa grâce, telle est notre liberté à éduquer chaque jour.

  1.  2 Co. 3,17

L’autorité comme liberté du service
L’autorité que nous exerçons dans les choix posés est d’abord une connaissance de Dieu par grâce, une volonté de le suivre jusqu’à la croix et la résurrection dans la vérité de notre être, et une obéissance à la loi comme témoignage de vie ; là est notre liberté, dans le choix de Dieu, et cette volonté de lui ressembler. Persévérer « dans la foi et la pratique du bien » 2 nous dit le saint Docteur, nous fait témoigner de cette vie en Dieu dans la juste place d’élus de Dieu, c’est-à-dire de ceux qui écoutent sa Parole et mettent en pratique. L’autorité par laquelle nous agissons, est reçue de Dieu, comme serviteur de la Parole de vie, et nous appelle dans la douceur à témoigner de notre foi dans l’expression des choix les plus ouverts sur la vie, la recherche du bien, et la beauté de l’engagement pour la vérité. C’est pourquoi l’énergie de la loi demande beaucoup de conversion nécessaire pour se laisser dépouiller et se laisser habiter par la grâce de l’Esprit Saint dans la disponibilité de tout notre être. « Toute âme qui même après avoir reçu la foi demeure dans sa dépravation ou y revient est appelée « maison irritante », parce qu’elle chasse loin d’elle par son inconduite celui qu’elle avait accueilli par la foi, Dieu, qui l’habitait » 3 Exercer notre autorité spirituelle dans notre vie c’est chasser tout ce qui conduit au mal, refuser d’abonder la tentation, et se souvenir que le Christ est venu pour nous sauver, c’est-à-dire nous
rendre libre. L’inconduite est un contre témoignage de notre vie prétendument ancrée en Dieu. La foi nous délivre de toute peur, pour nous ramener sur un chemin de repentance, et de changement pour mieux comprendre les choix que nous avons à poser. Une conversion à vivre chaque jour dans le combat spirituel et le refus d’écouter la voix de séduction qui entraine vers la superficialité et la facilité d’un
choix irresponsable, mais aux conséquences désastreuses. Le Diable nous détourne de la vie de Dieu, de la vie en Dieu. La tentation du cœur est toujours possible, mais la connaissance de Dieu, la méditation des Ecritures et la prière nous enracine à travers le jeûne et les veilles attentives aux signes de sa présence, comme guetteur de l’invisible. Avec les choix, il y a une part de renoncement, et d’engagement pour l’avenir du meilleur bien, mais aussi à la lumière du Christ un discernement à opérer à chaque instant pour mieux nous approcher de lui dans un cœur pur, et le contempler avec émerveillement et action de grâce.

2)   P 341, Homélie sur Ezechiel Livre I, Homélie IX, &8 St Grégoire le Grand
3)   P 343, Homélie sur Ezechiel Livre I, Homélie IX, &10 St Grégoire le Grand

Une fois que je trouve cette liberté jaillissante de grâce, alors tout est possible, mais tout n’est pas profitable. C’est dans un discernement prudentiel qu’il faut avancer avec précaution et la richesse de la prière et du conseil des frères pour faire le choix en Eglise de nous ajuster à la volonté de Dieu. La vérité de l’homme se vit dans la croix et la résurrection du Christ, comme un appel à la conversion, la purification et la transformation pour la joie nouvelle de la vie éternelle. Il y a bien une maturation
de changements à opérer du fond du cœur, ou l’amour vainc la haine en délaissant tout esprit de mensonge et en recherchant en toute chose la vérité pour le meilleur bien et la beauté du créé fait par Dieu. La loi est une invitation à la vie divine dans l’acceptation des transformations parfois crucifiante à faire pour connaitre la résurrection, c’est-à-dire la vie nouvelle en Christ. « L’amour du prochain, la beauté du monde, l’orientation vers un Bien absolu, se proposent – et s’imposent – à la liberté de tout homme, qu’il soit croyant ou incroyant » 4 Ce n’est donc plus une question de douane ou d’intransigeance, mais bien d’humanité et de dignité de l’homme dans un cadre qui fait grandir et produire du fruit. En s’imposant à la liberté de l’homme, la loi nous configure à la volonté divine, dans cet accueil d’une loi naturelle appelé raison de l’être dans le discernement de la réalité. Ce n’est pas tant
une question de foi qu’une question d’être, autrement dit de vocation humaine. D’ailleurs l’appel à la liberté est toujours orienté vers plus d’amour dans l’unification de tout notre être et la responsabilité de nos choix vécu en vérité, mais cet appel est aussi orienté vers plus de vie, c’est-à-dire d’une qualité de vie en Dieu pour l’éternité. Tout choix est à faire dans cette optique de la vie en abondance, et demande une
cohérence significative dans la vie de la cité. La fraternité n’efface pas l’égale dignité de la vie, et de toute vie, et la liberté en est l’expression le plus grande au service de tous, et le respect de chacun. La valeur de la vie humaine dans tous ses aspects ne peut s’orienter vers un choix partisan sans en porter les responsabilités collectives. L’autorité que nous exerçons a des conséquences sur l’ensemble et non seulement sur le particulier. Comme aime le dire le Pape François « Tout est lié ».

Père Gregoire BELLUT – Curé – Doyen

 

Janvier 2022

 

EDITO 1 SEPTEMBRE 2021