la lumière brille dans les ténèbres
L’annonce de la Bonne Nouvelle se vit dans l’expérience de la rencontre du grand amour de Dieu pour nous personnellement et de la lumière qui brille dans notre conscience pour nous permettre de discerner ce qui nous fait grandir. Or parfois les chrétiens sont aphones dans notre société, jusqu’à se poser la question d’une identité personnelle et communautaire. Le chrétien existe-t-il vraiment, peut-on alors entendre ? Agissons-nous efficacement pour le Christ, c’est-à-dire rendons-nous compte de notre baptême dans l’annonce de la foi ? L’amour de Dieu est une grâce que nous recevons en tant qu’image de Dieu, mais qu’en faisons-nous ? Il ne s’agit pas de sombrer dans la victimisation ou la culpabilité morbide, mais de rebondir dans la foi pour éclairer notre vie de la Parole de Dieu.
Il y a un véritable combat aujourd’hui entre ce monde de ténèbres qui continue de s’étendre avec la complaisance de beaucoup. Or la lumière du Christ rappelle la dignité sacrée de chaque vie humaine, et Il nous appelle à retrouver un chemin de fraternité pour grandir dans cette liberté de l’amour. « Autour de nous, il y a les ténèbres : les ténèbres de l’incrédulité, de l’indifférence, du mépris, peut-être de la persécution. Néanmoins, nous devons témoigner et vaincre ces ténèbres grâce à la lumière du Christ, même si on ne nous écoute pas, même si on nous ignore. »[1] A l’obscurantisme d’un rien n’existe au sens absolu, voire d’une vision aveugle de la création du monde comme seule équation physique et mathématique pure, doublée de la croyance d’’explication de la science comme réponse absolue, nous entrons dans une négation de toute culture chrétienne dans une forme de déification de la laïcité.
Le refus de la RATP et de la SNCF, cette fois pour des affiches du Sacré-Cœur jugées trop religieuses (et trop chrétiennes), n’est qu’un signe fort de la logique de laïcisation à multiples critères très subjectifs et cyniquement sélectifs. Il nous faut percevoir une christianophobie volontaire. Mais la croix est une composante de notre fois et la possibilité dramatique de refuser l’amour de Dieu. Ajoutons à cela la volonté d’effacement de toute référence chrétienne pour les vacances de la Toussaint, de Noël et de Pâques, et nous entrons dans le désenchantement moral et la venue du cynisme d’État et d’un pessimisme sur le monde, dont les grèves à répétition révèlent la souffrance d’une société en perte de sens. C’est là que nous serons prophétiques, en témoignant de l’amour de Dieu en artisans de paix. En effet le combat pour la lumière de la vérité est de rappeler l’espérance du Christ et la valeur de l’amour comme don sincère de soi-même. La vie est à protéger contre une hiérarchie de la mort qui promeut l’avortement dans la négation des souffrances et l’euthanasie dans une vision radicale de la validation de la mort sociale. L’homme est-il utile à l’homme, est alors la question première ? Plus de référence à Dieu ou à la transcendance, un refus des valeurs morales, comme embrigadantes, et au nom d’une liberté où tout est permis selon nos propres critères du moment, et une hiérarchie des valeurs dans l’optique de la loi du plus fort et du moment de l’émotion.
A toute époque, nous pouvons voir apparaitre une forme de néo barbarisme dans l’évincement de la culture pour le néant de l’être et la négation de la personne douée d’une raison propre. Alors que ce soit dans l’Antiquité aujourd’hui, comme Paul, nous sommes encouragés dans le Seigneur à redoubler « d’audace pour annoncer sans crainte la Parole »[2]. L’évangélisation rayonne du témoignage de vie, et de notre capacité à rendre compte de notre vocation baptismale de fils et fille de la lumière. Le Christ est mon chemin de vie, et le tien aussi, nous devons le partager. Il est mort sur la croix pour nos péchés, il est ressuscité dans la gloire et il reviendra pour juger les vivants et les morts, tel est le kérygme de notre foi. La difficulté est justement de participer à cette annonce dans la tiédeur environnante, et l’accaparement de la réalité du quotidien qui parfois nous fait oublier l’essentiel. Or l’appel de l’apôtre Paul continue de nous travailler : « Menez une vie digne de l’Évangile du Christ, afin que, …, j’apprenne que vous tenez ferme dans un même esprit, luttant ensemble d’un même cœur selon la foi de l’Évangile. » L’acédie n’a pas sa place dans l’évangélisation, mais par une prière confiante, et une attitude disponible à l’Esprit Saint, nous sommes invités à continuer de cheminer avec audace dans la foi.
La communion dans la vie de tout baptisé est un appel à la sainteté. Nous devons fuir ceux qui annoncent le Christ par jalousie sur ce qui se fait, ou avec des intentions polémiques. Que dire de ceux qui sans cesse rappellent la volonté d’être un maitre spirituel dans l’enseignement et prennent position de manière désordonnée sur tout sans toujours de compétence dans le domaine, eussent-ils des formations universitaires ?. Nous avons à être des apotres de communion dans la recherche de faire l’unité pour la construction de la civilisation de l’amour, et dans la douceur déployer la paix entre nous pour répondre de notre vocation de disciples du Christ et ainsi mieux imiter le Christ. « Le disciple du Christ accepte de « vivre dans la vérité », c’est-à-dire dans la simplicité d’une vie conforme à l’exemple du Seigneur et demeurant dans sa Vérité. » Si nous disons que nous sommes en communion avec lui, alors que nous marchons dans les ténèbres, nous mentons, nous n’agissons pas selon la vérité. »[3] Faire la vérité entre nous est donc rechercher la communion pour ensemble bâtir la civilisation de l’amour. Or l’annonce explicite de notre foi, l’ardeur à la partager autour de nous comme don gratuit de Dieu est une expérience unique d’affermissement de la grâce reçue, et de fécondité spirituelle. Sans mettre la main sur Dieu, mais dans cette liberté unique de communiquer notre foi, nous permettons à d’autres d’accéder aux réalités du royaume. La communion est alors partage d’amour dans la gratuité du don pour contempler Dieu et l’adorer d’un seul cœur, d’une seule âme pour former qu’un seul corps. La recherche de l’unité est un prolongement de la foi comme condition propre du disciple du Christ. Une unité de vie dans les vocations particulières de consacrés au Seigneur pour l’annonce de l’Évangile et dans la cohérence des choix de vie. Une unité de vie pour la famille comme première cellule d’Église appelée dans le monde à être fécond. Une unité ecclésiale dans la recherche d’un cheminement avec l’ordinaire du lieu et le Pape.
Mais si la grâce de Dieu est bien présente dans notre vie, l’attaque du mauvais est tout aussi réelle. Et dans l’annonce de la foi, la confusion des genres avec l’argent, le pouvoir et l’esprit de séduction dans une forme de gourou à suivre sont tout aussi présents. Il nous faut être attentif à vivre la gratuité de notre vie dans la disponibilité de notre temps. « Le principe de tous les maux, c’est l’amour de l’argent. Sachant donc que nous n’avons rien apporté dans le monde et que nous n’en pourrons rien emporter, armons-nous des armes de la justice et apprenons d’abord à suivre le commandement du Seigneur. »[4] L’amour de l’argent est la concupiscence de l’avoir. Vouloir posséder jusqu’à être possédé. C’est la célèbre pièce de théâtre de Molière « L’Avare », où l’homme est conditionné par son argent à s’en rendre bien réellement malade. Il agit comme un possédé, car il n’est plus maitre de lui-même, mais il est conditionné par son précieux trésor. Or l’argent n’est que le signe d’une vanité en des choses nécessaires à la surface mais sans aucun intérêt pour le fond. Pire encore, l’amour de l’argent nous entraine sur les pentes du pouvoir et de la domination, nous rendant totalement idolâtres dans la relation tyrannique. Une pente irrémédiable vers la désespérance et la mort, dans l’inutilité fondamentale de tout notre être, et l’irrémédiable vanité d’un rang social qui se désagrège avec l’âge et la perte des fonctions tant intellectuelles et économiques que corporelles. Or nous le savons, il n’y a pas d’âge pour annoncer la Bonne Nouvelle, et notre vie prend sens lorsque le Christ est vivant et que nous l’annonçons. La confusion des modes de vie dans l’annonce de l’Évangile et le rapport au matériel peuvent alors connaitre des dissonances et occasionner des contre-témoignages. La vie de célibat pour ceux qui annoncent l’Évangile est le ferment d’une grâce de sanctification qui demande un temps important à consacrer pour unifier sa vie à l’œuvre de Dieu et ne pas s’éparpiller dans d’autres devoirs d’État. Une vie orientée vers le Christ dans la congruence des choix entraine une unification d’être. Rappelons-le, « C’est en lui-même que l’homme est divisé. Voici que toute la vie des hommes, individuelle et collective, se manifeste comme une lutte, combien dramatique, entre le bien et le mal, entre la lumière et les ténèbres. »[5] Contre l’attaque, la cohérence de vie nous entraine alors à trouver un chemin d’équilibre dans l’appel au bonheur avec Dieu et nos frères, malgré notre péché et la tentation des choix qui enferment.
L’évangélisation est alors ce rapprochement avec chacun pour laisser l’Esprit Saint rendre brulant les cœurs dans le partage des Écritures. Le disciple du Christ partage « les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps »[6] mais dans la grande espérance du salut discerne avec sagesse comment vivre la réalité dans la confiance en Dieu, la prière et le partage fraternel. Accepter de faire un bout de chemin avec chacun pour discerner comment le Christ travaille en nous tous et continue de nous guider sur le chemin de communion avec Lui. La conversion est alors un chemin de transfiguration pour laisser la Parole rayonner pleinement dans les choix nouveaux que nous faisons à la lecture des Écritures. » Dieu est Lumière, en Lui point de ténèbres «
[1] Seul contre Hitler – Franz Jägerstätter de Francesco Comina
[2] Ph 1,14
[3] § 2470 CEC 1 Jn 1, 6
[4] Lettre de Saint Polycarpe aux Philippiens – L’idéal chrétien – Office des lectures Lundi 25 TO
[5] § 1607 CEC citant GS 13, § 2
[6] §1 Gaudium et Spes – Vatican II

