Lorsque  le chef de la synagogue vint auprès de Jésus et le supplia :  «  ma petite fille est près de mourir ; viens lui imposer les mains pour qu’elle soit sauvée et qu’elle vive ! » (Luc 8,40-55) Jésus est saisi de compassion devant la souffrance de cet homme. Jésus s’en alla avec lui. Tandis qu’avec la foule ils se rendent auprès de la jeune fille, une femme souffrant d’hémorragie s’approche discrètement en se disant : «  si au moins j’arrive à toucher ses vêtements, je serai sauvée » Jésus se retourna au milieu de la foule et il disait « qui a touché mes vêtements ? » (Luc 8,46).

Jésus regardait autour de lui pour voir celle qui avait fait cela ; ici le regard de Jésus précède la reconnaissance de celle qui a été guérie de son mal. Il dit à la femme « ma fille ta foi t’a sauvée ; va en paix, sois guérie de ton mal », soulignant ainsi que la guérison est à la rencontre de deux regards : celui de celle qui cherche à s’approcher de lui et le sien en affirmant sa tendresse et  son pouvoir « ma fille va en paix et sois guérie de ton mal ! »

C’est ainsi que, souffrant de nos infirmités, paralysés par nos péchés, notre désir et notre foi pour nous approcher de Jésus nous font rencontrer sur son visage ce regard de compassion et de tendresse. Jésus ne limitait pas son regard à quelques cas particuliers, il était sensible à l’énergie et au courage de tous ceux qu’il rencontrait et qu’il voyait, de ceux qui travaillaient durement pour assurer la vie de leur famille, des femmes qui ne ménageaient pas leurs efforts pour aller chercher l’eau, préparer les repas et assurer les multiples tâches ménagères, tous ces pauvres qui parvenaient en fin de journée fatigués ou ceux qui ne trouvaient pas de travail : « Venez à moi, vous tous qui ployez sous le poids du fardeau, et moi je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug et mettez-vous à mon école, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos de vos âmes » (Mt 11,28-30).

« Lorsque les gens en grande foule vinrent à lui, ayant avec eux des boiteux, des aveugles, des estropiés et des muets et bien d’autres encore et les déposèrent à ses pieds », Jésus saisi de compassion pour eux les guérit (Mt 15,30).

Un légiste dit à Jésus pour le mettre à l’épreuve :  « Maître, que dois-je faire pour avoir en partage la vie éternelle ?» (Lc 10,25-28).  Jésus lui dit: « Dans la loi qu’est-il écrit ? » Il lui répondit : «  Tu aimeras le Seigneur ton Dieu … et ton prochain comme toi-même ». Et Jésus d’approuver : « Tu as bien répondu. Fais cela et tu auras la vie ».  Mais le légiste, voulant montrer sa justice, dit à Jésus : «  et qui est mon prochain ? »

Ce fut l’occasion de la parabole dite du « bon Samaritain » : un homme est attaqué par  des brigands qui le laissent à demi mort sur le bord de la route ;  un prêtre puis un lévite  passent à bonne distance pour ne pas se rendre impur au contact de ce moribond. Alors un étranger, un Samaritain s’arrête, le voit et est pris de compassion pour cet homme blessé, roué de coups, à demi mort. Il le soigne, le conduit à une auberge et prend en charge les soins nécessaires à son rétablissement (Lc 10, 29-37).

Jésus ne donne pas de réponse à la question du légiste : « Qui est mon prochain ? ». Ou plutôt, il la transforme : «  Lequel des trois s’est montré le prochain de l’homme tombé aux mains des bandits ? » (Luc 10,36). A travers le Samaritain c’est Jésus lui-même qui nous révèle son regard de compassion.

A travers tous les récits des évangiles Jésus, le Verbe  qui a pris chair de la Vierge Marie, s’est fait le prochain de tous ceux qui étaient méprisés, abandonnés, de tout homme,  toute femme,  marqués par la souffrance, par le péché, par la persécution. Il ne tient pas compte de leur origine .

La figure du « Bon Pasteur »( Jean 10,1-21)  décrit ce regard de compassion de Jésus : il est le Bon Pasteur de ses brebis, il prend soin de la plus chétive, soigne celle qui est blessée et laisse le troupeau pour aller à la recherche de celle qu était perdue et qu’il ramène sur ses épaules.

P. Philippe BRADEL, f.c.

PRIERE

« J’ai vu la misère de mon peuple en Egypte, je l’ai entendu crier sous les coups des gardes. Oui je connais ses souffrances » (Ex 3,7)

Dieu notre Père, comme tu n’es pas resté insensible devant les souffrances de ton peuple en esclavage, regarde avec compassion tes enfants qui aujourd’hui souffrent d’esclavage, de la misère, de la persécution  ou de la guerre. Donne moi d’être un ouvrier de paix !

Seigneur Jésus, Fils éternel du Père, par ton regard sur les foules tu nous révèles la compassion du Père, donne-moi de ne pas rester insensible devant toutes les formes de souffrance !

Esprit Saint, qui ne fais qu’Un avec le Père et le Fils, donne moi et donne à l’Eglise d’être témoin de ce regard de compassion de Jésus !