Prière
Seigneur Jésus, tu poses sur chacun de nous ton regard.
 Tu nous montres un chemin de confiance, de pauvreté et d’abandon. Apprends-nous à remettre tout projet entre les mains du Père et à lui dire :  « Que ton règne vienne au cœur de ce monde que tu aimes ! »
Regarde ton Eglise qui a aujourd’hui un besoin particulier de prêtres saints, de témoins fidèles, qui a besoin d’hommes et de femmes consacrés.

Relisons le récit de Marc 1, 16-20 et arrêtons-nous sur le regard de Jésus…

C’est l’appel de quatre pêcheurs : Jésus passait le long de la mer de Galilée, il vit Simon et André le frère de Simon en train de jeter le filet dans la mer : c’étaient des pêcheurs. Il leur dit : « Venez à ma suite et je ferai de vous des pêcheurs d’hommes ». De même Jacques et Jean  « dans leur barque en train d’arranger leurs filets. Aussitôt il les appela. Et laissant la barque, leur père avec ses ouvriers, ils partirent à sa suite ». On peut s’imaginer que ces quatre premiers disciples avaient entendu la première annonce de Jésus en Galilée ; il proclamait l’Evangile de Dieu et disait :  « le temps fixé par Dieu pour l’accomplissement de ses promesses est accompli, et le Règne de Dieu s’est approché. Convertissez vous et croyez en l’Evangile.» (Mc 1,14-15). On peut imaginer que la réponse aussi rapide et radicale de ces disciples ne se comprend qu’à travers tout ce qu’ils ont vécu avec lui et à travers l’accomplissement de cette mission mystérieuse «  je ferai de vous des pêcheurs d’hommes ». Il en est ainsi dans toute conversion et dans toute vocation, qui est un bouleversement complet de la vie, un évènement qui produit un choc : il y a un avant et un après.  C’est en répondant à un appel que l’on découvre, après coup, la profondeur d’un regard de Jésus. Jésus ne s’est pas adressé à des savants, à des spécialistes de la Bible, mais il est attentif à des hommes tout absorbés à leur travail. Il faut souligner ce regard de Jésus sur des hommes qui travaillent pour gagner leur vie au jour le jour. C’est d’ailleurs à partir de leur métier qu’il fixe le but de son appel : « je ferai de vous des pêcheurs d’hommes ». Ce regard est imprégné de force, d’autorité mais aussi d’estime et d’amour ; il entraîne selon le récit une réponse immédiate et totale qui exige l’abandon de leur travail : « Laissant aussitôt leurs filets, ils le suivirent ». L’abandon du métier pour vivre avec le maître exprime la nouveauté de vie avec Jésus qui fait dire, comme jadis le prophète Jérémie, « il m’a séduit,  et je me suis  laissé  séduire » (Cf. Jr 20, 7).

Ce regard humain de Jésus nous apparaît comme un signe de Dieu qui est capable de nous transformer et de nous conduire à vivre d’une manière nouvelle : ce qui nous semblait impossible devient possible avec la force de Dieu, qui se révèle comme une présence continuelle et source d’une joie profonde, joie de vivre constamment en présence de Dieu.

Un jour, « comme il s’en allait, Jésus vit, en passant, assis au bureau des taxes, un homme qui s’appelait Matthieu. Il lui dit : « Suis moi ! ». Il se leva et le suivit ». (Mt 9, 9). On est surpris que Jésus s’adresse à un percepteur d’impôts qui était regardé comme un traître, un collaborateur qui travaillait au service de l’occupant romain et qui s’enrichissait sur le dos du peuple. Dans son célèbre tableau, que l’on peut voir à Rome dans l’église St Louis des Français, le Caravage a su d’ailleurs admirablement exprimer la surprise de Matthieu lui-même ! Jésus aurait pu choisir un apôtre parmi les gens plus vertueux.  Jésus par son regard, redonne sa dignité à ce publicain méprisé par tous.

La suite du récit nous révèle l’intention de Jésus : comme il était invité par Matthieu à un repas avec d’autres collecteurs d’impôts et des pécheurs, les Pharisiens dirent à ses disciples :  « Pourquoi votre maître mange-t-il  avec des collecteurs d’impôts  et  les pécheurs ? » Jésus leur déclara : « Ce ne sont pas les bien portants qui ont besoin de médecin, mais les malades. Allez comprendre ce que signifie : « C’est la miséricorde que je veux, et non le sacrifice ». Car je suis venu appeler non pas les justes, mais les pécheurs » (Mt 9, 11-13). Le regard de Jésus qui appelle Matthieu est donc un regard de miséricorde qui transforme, qui rend sa dignité à celui qui est méprisé, un regard qui nous révèle sa mission d’être témoin de la miséricorde du Père.

En Jn 1, 35-43, autres regards et autres appels…

Jean Baptiste, fixant son regard sur Jésus qui marchait, dit :  « Voici l’agneau de Dieu ». Les deux disciples écoutèrent cette parole et suivirent Jésus. Alors Jésus se retournant et voyant qu’ils s’étaient mis à le suivre, leur demande :  « Que cherchez-vous ? ». Ils répondirent : « Maître, où demeures-tu ? ». Il leur dit : « Venez et vous verrez ». » André, l’un des deux,   va transmettre cet appel de Jésus. Il va trouver son frère Simon et lui dit :  « Nous avons trouvé le Messie ! ». Il l’amena à Jésus. Fixant son regard sur lui, Jésus lui dit : « Tu es Simon fils de Jean, tu seras appelé Céphas » ce qui veut dire Pierre. Jésus regarde Pierre comme la pierre sur laquelle se construira son Eglise. Jésus fixe son regard sur chacun de nous en pensant à la mission qu’il a prévue pour nous.

P. Philippe BRADEL, f.c.