« Si vous ne vous convertissez pas …»

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jesus pardonne adultere

Me voici confronté en ce temps de carême à des personnes qui refusent de se convertir. Elles savent bien que ce qu’elles font ne les sert pas, qu’elles s’enferment dans des relations sans lendemain et viennent d’ailleurs demander le pardon de Dieu pour cela, mais refusent en même temps d’aller jusqu’au bout de la démarche, dans une irrésolution surprenante. « Je changerai demain »… plus tard…

Certes vous avez ceux qui tardent pour donner le baptême à l’enfant, repoussant parfois jusqu’aux calendes grecques parce que cela doit être fait avec les parents au pays, ou lorsqu’on aura assez d’argent pour faire la fête, sans vraiment comprendre que la première grâce du baptême est l’accueil du Salut et de la foi en Jésus Sauveur… Le sacrifice de la croix est-il si négligeable pour attendre ? Si l’on continue avec le mariage, d’autres préfèrent mettre leur vie de foi entre parenthèses plutôt que de vivre concrètement la relation matrimoniale comme un appel à un bonheur fidèle et fécond parce que vécu dans la liberté de l’amour et l’engagement d’aller jusqu’au bout pour le meilleur bien. Comme si la relation à deux ne valait pas la peine d’une pleine implication de chacun dans une construction de la civilisation de l’amour. Et viennent toujours les mêmes arguments, « tant de couples divorcent autour de nous », comme si je refusais le permis de conduire parce qu’il y a trop d’accidents de la route… Or, l’appel à un changement de vie au nom du Christ est pour maintenant et ne peut se vivre dans une attitude pusillanime Il nous faut écouter dans l’intime de notre être l’appel du Seigneur à venir à la lumière. Cependant cela touche avec exigence tous les aspects de notre vie. Il y a plusieurs axes pour suivre une vraie réorientation de vie : « la conversion du cœur et la victoire sur le péché, que ce soit l’égoïsme ou l’injustice, la domination orgueilleuse ou l’exploitation d’autrui, l’attachement aux biens matériels ou la recherche effrénée du plaisir. »1 C’est dans l’écoute de la Parole de Dieu, la prière et la vie ecclésiale que nous pouvons avancer sur le chemin de sainteté.

Nous le savons, le péché peut nous entraîner dans une certaine illusion de la facilité, mais reste toujours une voie sans issue. Lorsque nous en prenons conscience nous reprenons le chemin de Dieu. Et la relation à Dieu doit toujours être privilégiée au gaspillage de l’immédiateté du temps, à travers les loisirs et autres attractions médiatiques. Vivre un recentrement sur soi, que ce soit au désert ou en présence du Christ en Galilée, nous entraîne à vouloir cette transformation intérieure pour porter du fruit. Il nous faut rappeler que « toute rencontre doit être une chance de progrès spirituel et de vraie rencontre avec le Christ »2. La conversion nous permet de retrouver l’élan missionnaire d’une vie chrétienne renouvelée par la présence du Ressuscité. Il nous faut retrouver en nous les racines du péché, pour les extirper de notre vie et refuser la source contaminée des enfermements et les mers mortes de ces fausses apesanteurs de la réussite. Le péché mène à la mort. La conversion est lieu de recréation dans l’alliance entre Dieu et l’homme, une joie renouvelée par la grâce du Salut. Peut-être nous faut-il le rappeler dans ces temps agités par les débats politiques, la crise sanitaire qui semble sans fin et la guerre à nos portes, car il y a une nécessité urgente de transformation de notre vie. «L’unité doit être le résultat d’une vraie conversion de tous, du pardon réciproque, du dialogue théologique et des relations fraternelles, de la prière, de la pleine docilité à l’action de l’Esprit Saint, qui est aussi Esprit de réconciliation. »3

Père Gregoire BELLUT -Curé – Doyen

1 &8 Reconciliatio et Penitentiae – Jean Paul II

2 P 97 Libère-nous du mal – P JC Thibaut

3 &9 Reconciliatio et Penitentiae