« Or le Seigneur c’est l’Esprit, et là où l’Esprit du Seigneur est présent, là est la liberté »

L’éducation du désir dans une conscience de la liberté (suite et fin)
Etre libre ne se déclare pas, mais se vit dans tous nos actes quotidiens, comme un prolongement des possibles tout en gardant l’horizon ouvert. Une vérité dans le fait d’être soi pleinement, et non programmé à des tâches, mais dans une audace de créativité ou je puis m’épanouir franchement et totalement comme fils de Dieu appelé au bonheur pour l’éternité.

Il s’agit d’une transformation de l’être par la vie divine, une rencontre avec Jésus qui m’ouvre à d’autres choix parce que le bonheur est promis à ceux qui sont en communion avec Lui. Non un bonheur des biens ou des réalités terrestres, mais ce bonheur d’une fraternité retrouvée en Dieu et à l’écoute des béatitudes dans la simplicité du dialogue et la recherche de paix à travers notamment la vérité de l’amour et l’accueil de la miséricorde. Le sens de l’eucharistie dans cette transformation du croyant appelé à communion avec Dieu, prend par exemple un écho dans le travail, comme le formule si bien la philosophe Simone Weil 2 . « L’homme se mange lui-même ; il mange son travail. L’homme donne son sang, sa chair à l’homme sous forme de travail. L’homme se donne à l’homme en tant que travail » 3 Il y a une corrélation entre le don de l’eucharistie et la participation de l’homme à l’œuvre de création par son travail, et le don sincère de lui-même. Une même synergie ou nous voyons que dans nos choix nous pouvons participer par grâce à l’œuvre de Dieu dans un quotidien si ordinaire. Le don participe à l’expression d’être pleinement soi. L’amour de Dieu pour l’homme s’exprime d’ailleurs à travers la Personne Don, l’Esprit Saint, mais se vit au cœur même de la Trinité comme expression personnelle de l’amour. On pourrait même sans dissocier, exprimer l’amour dans une triple voie opérante de la volonté dynamique à travers la Parole et le Don. L’amour se donne à manger, c’est-à-dire participe à la relation dans un apport nutritif et total d’un choix déjà fait et qui nous demande alors d’être cohérent dans le temps. Le témoignage de vie est à comprendre dans cette liberté de l’amour vécue dans la Philosophe humaniste et baptisée peu avant sa mort, née le 3 fevrier 1909 et morte le 24 aout 1943 de culture juive, mais agnostique, elle opère un rapprochement avec le catholicisme tout en ayant du mal avec l’institution, d’où son baptême tardif. (ne pas confonde avec la femme politique Simone Veil) vérité de nos choix et selon une cohérence.

1 2 Co. 3,17
2 Philosophe humaniste et baptisée peu avant sa mort, née le 3 fevrier 1909 et morte le 24 aout 1943 de culture juive, mais agnostique,
elle opère un rapprochement avec le catholicisme tout en ayant du mal avec l’institution, d’où son baptême tardif. (ne pas confonde avec
la femme politique Simone Veil)
3 Œuvres complètes Tome 1 Simon Weil p 378-379

D’ailleurs, on peut donc parler de participation dans l’accomplissement des choix que nous faisons, à une communauté humaine, et à l’effort de rechercher le bien commun comme fondement de toute relation. L’amour est-il une expression solitaire ou bien imprègne-t-il toujours une dimension communautaire ? Et ne doit-on pas voir la personne à travers la communauté sans tomber dans les deux travers de l’individualisme ou du seul communautarisme ? « La question […] peut se poser de savoir si cette expérience de l’agir « en commun avec d’autres » n’est pas l’expérience fondamentales, et si, en conséquence, la conception de la communauté et de la relation ne doit pas être présupposée par celle qui traite de la conception de la personne » 4 . Les choix personnels que nous posons impliquent-ils toujours la relation à l’autre ? On ne peut traiter de la relation nous dit le philosophe devenu pape, sans se soucier de ce qui fait la personne humaine et son juste rapport à l’autre. La conception de la personne nous resitue l’acte dans une dimension logique de la cohérence à ce qui l’entoure et ce que cela implique.

En poursuivant la réflexion, la question posée est de savoir ce qui est premier entre l’acte personnel et l’acte d’interaction avec l’autre et ce que cela dit de la personne. Or l’expression de nos choix est toujours interrelationnel, par conséquent tout acte est portée par la communauté, et non présupposée portée par elle. C’est important de rappeler dans cette citation l’importance de l’autre comme expression de mes actions 5 . Le désir trouve son espace dans l’expression personnelle d’une relation au créé. L’appel à la sainteté est à retrouver dans cette exemplarité de vie à travers une époque donnée et un contexte particulier pour redire la grâce et la manifestation de la surnature dans un quotidien fait d’incertitude, de conversion et de conscience droite. Le choix devient l’expression de la vie dans l’Esprit et porte du fruit. De plus l’histoire de la personne induit des comportements et des réflexions propres à l’expérience. Si nous venons d’une Eglise des martyrs, comme nous pourrions le définir par exemple en Chine ou dans les chrétiens d’orient, la dimension de la croix est clairement présente et implique une radicalité dans les choix. Néanmoins, dans une société française assez corrosive dans l’expression de la foi, dans un détournement idéologique toujours présent (l’ouverture des JO en est un exemple) et l’impératif de respecter la paix sociale nous demande d’autres expressions de la foi dans le témoignage de vie, et l’appel à la gratuité de l’amour, retrouver ce juste bonheur demande de méditer la Pâques du Seigneur et de réveiller en nous l’ardeur de la foi pour partager vraiment cette liberté de croire en notre Rédempteur. La conception de la personne dit la valeur de la vie et de la dignité de tout être humain. Les régimes dictatoriaux nous l’ont bien fait comprendre par l’absurdité de leurs pensées.

4 P 337 Personne et Acte, Karol Wojtyla (Jean Paul II)
5 L’agir n’est pas une valeur personnelle dénuée de tout apport extérieur, mais d’abord l’expression d’une identité dans une communauté
humaine, et reliée à elle pour construire une singularité qui forme sens.

En communauté de croyants, cet agir se vit dans l’expérience de l’Esprit Saint, mais chasse aussi toute peur, pour se laisser cheminer dans la confiance des verts pâturages, en compagnie de Jésus, fidèle Pasteur. Tout acte de la personne demande d’être vu comme l’expression d’une relation qui touche à
toute l’humanité, même le plus intime dans le lieu le plus secret. L’appel à nous laisser vivifier dans la foi dans cette recherche de la vérité pour vivre l’amour en actes nous rend responsables des conséquences, et d’éventuels dommages occasionnés, même si tout n’était pas perçu ainsi au départ. Le manque d’anticipation, ou de perception des conséquences ne peut être une excuse à la faute, même si elle l’amoindrie. Une erreur par ignorance 6 est toujours moins grave qu’une erreur dans une pleine conscience.

Vivre la foi est un espace de liberté que nous devons cultiver à la lumière de la charité pour éclairer nos choix de la présence de Dieu et rendre un témoignage crédible. « C’est pourquoi nous ne perdons pas courage, et même si en nous l’homme extérieur va vers sa ruine, l’homme intérieur se renouvelle de jour en jour. » 7 Travailler en profondeur notre histoire pour y puiser la lueur de l’action de Dieu dans notre vie, car Lui agit toujours, c’est nous qui sommes sourd à sa présence. Il est à coté de nous à chaque pas de notre vie, Il est au milieu de nous à chaque eucharistie, Il est en nous lorsque se manifeste la vie de l’Esprit Saint. L’appel à retrouver une intériorité dans notre vie, demande de puiser à la source de la vie la liberté de l’amour pour l’exprimer dans la responsabilité de nos choix et en pleine conscience de notre vocation d’image de Dieu. C’est avec autorité que je peux exprimer cette filiation d’enfant de Dieu,
d’enfant de Roi du Ciel, autrement dit de citoyen du ciel, qui témoigne sur terre de cette présence incessante de l’amour fécond et gratuit qui se reçoit et se partage. La liberté est fruit de l’amour et son action. « L’amour ne cherche hors de lui-même ni sa raison d’être ni son fruit : son fruit, c’est l’amour même. J’aime parce que j’aime. J’aime pour aimer. » 8

Père Gregoire BELLUT – Curé – Doyen

 

6 Sauf en cas d’ignorance crasse, c’est-à-dire une volonté de ne pas savoir pour ne pas (en) avoir à rendre compte
7 2 Co. 4,16
8 Sermon de S Bernard sur le cantique des cantiques