« La foi nous rend libres ! »
La foi est un don de l’Esprit Saint qui s’exprime dans la connaissance de la révélation, à travers les signes qui nous sont donnés et la présence du Seigneur toujours plus aimant. À travers la résurrection, le Christ ouvre notre foi à la grande espérance du Salut et nous fait prendre conscience par le souffle de l’Esprit du
grand amour dont nous sommes aimés. Dieu agit dans notre histoire et nous saisit, pour que nous nous laissions saisir par sa présence, dans le désir de lui appartenir pour toujours à travers la communion des saints. « À Dieu qui révèle est due « l’obéissance de la foi » 1 , par laquelle l’homme s’en remet tout entier et librement à Dieu… Pour exister, cette foi requiert la grâce prévenante et adjuvante 2 de Dieu, ainsi que les secours intérieurs du Saint-Esprit qui touche le cœur et le tourne vers Dieu, ouvre les yeux de l’esprit et donne « à tous la douce joie de consentir et de croire à la vérité 3 ». Dieu se donne à nous qui, par la foi, sommes fidèles et lui faisons confiance ; lorsque nous nous éloignons de la parole, nous lâchons Dieu
pour l’errance de l’homme.
L’errance dans la foi peut être une remise en question de la connaissance de Dieu et de la révélation. Néanmoins il nous faut rester ferme, à travers la méditation des Écritures, la prière et le service de la charité, pour renoncer aux séductions et nous en éloigner. « Dans la mesure où elle annonce la vérité de
l’amour total de Dieu et ouvre à la puissance de cet amour, la foi chrétienne arrive au plus profond du cœur de l’expérience de chaque homme, qui vient à la lumière grâce à l’amour et est appelé à aimer pour demeurer dans la lumière. Mus par le désir d’illuminer toute réalité à partir de l’amour de Dieu manifesté en Jésus et cherchant à aimer avec le même amour. » 4 Il y a une transformation de tout notre
être en présence du Christ, car nos prenons conscience de notre condition humaine et de la joie des dons de grâce prodigués en nous pour nous rétablir dans la communion en Dieu. Par la foi, nos péchés sont pardonnés et la venue de l’Esprit nous mène à vivre dans un continuel émerveillement de la présence du Seigneur.
Marie, dans son appel à faire tout ce qu’Il nous dira, nous demande d’écouter en serviteurs fiables, la Parole du Seigneur. Le Fils de l’homme nous révèle Dieu comme Père et Fils. « Que votre cœur ne soit pas bouleversé : vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi… Puisque vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père… Croyez-moi : je suis dans le Père et le Père est en moi. » 5 Lorsque le Christ nous révèle le Père, en disant que le Père et le Fils ne font qu’un, il affirme bien la Trinité, comme Père, Fils, et dans d’autres passages comme Saint-Esprit. À travers l’image du Père, le Fils nous fait comprendre la relation particulière dans la Trinité. Objecter que si le Fils a un père donc il a une mère est une forme d’anthropomorphisme car la relation du Père avec le Fils dans la divinité ne reste qu’une analogie dans la relation du Père et du Fils et du Saint Esprit. La paternité de Dieu est réelle, répétée dans l’ancien testament, comme Père et Mère parfois, ce lien révèle l’amour prévenant, toujours attentif avec un regard bienveillant pour faire grandir et murir en sa présence.
L’autre illusion est de penser que Jésus a fait semblant de mourir sur la croix. La tentation est grande de refuser la souffrance humaine et l’absurdité du mal dans la civilisation de l’amour, mais c’est nier le réel. Dieu s’est fait pleinement homme dans l’incarnation du Fils, Il a vraiment souffert sous Ponce Pilate et a été crucifié comme nous l’affirmons à chaque Credo. Il est vraiment mort dans son humanité, ayant vécu notre vie humaine jusqu’au bout. Je passe les élucubrations postérieures, qui ont prétendu que les disciples au tombeau l’auraient pris vivant et l’auraient caché jusqu’à la fin de sa vie. Ce qui est attesté dans le Nouveau Testament c’est que les chefs juifs ont fait croire que les disciples ont volé le corps
du Christ pour faire croire à sa résurrection. On parle bien de corps mort. Mais les apparitions du Christ à plusieurs centaines de personne ont rendu le stratagème caduc.
Une autre errance de la foi est de croire en la falsification des Écritures. Évidemment tout cela est bien postérieur aux écrits évangéliques du I er et II e siècle. Il est sans intérêt de déclarer a posteriori ce qui a été discerné en Église dans le souffle de l’Esprit aux premiers siècles. D’ailleurs nous avons d’autres écrits contemporains des évangiles, qui n’ont pas été retenus, comme le Pasteur d’Hermas ou la Didachè. Ce sont des bons livres spirituels, mais ils n’ont pas été considérés comme canoniques. Cela peut faire penser par conséquent à un trafic des Écritures hors contexte. Certains évangiles apocryphes comme celui de Thomas, n’ont pas été reconnus, mais la révélation s’est fondée sur le récit des témoins, à la suite des lettres de saint Paul. Il est absurde de s’appuyer sur des textes bien postérieurs pour accuser de falsification. Si les évangélistes sont bien les auteurs il ne peut y avoir de falsification, puisque même si l’on admet des rajouts par les disciples, c’est dans la juste tradition apostolique attestée. L’apport
des textes plus récents est juste une mystification de la foi, et un refus de conversion, voir la culture d’une incrédulité dans la bêtise crasse.
Le mystère de la Trinité, d’un seul et même Dieu en trois personnes paraît à certains incompréhensibles et pourrait faire penser à une forme cachée de polythéisme. Mais c’est mal connaître la définition d’une personne, participant à la même nature divine et agissant en communion dans l’altérité des choix où aucune de trois personnes n’est étrangère. « Chaque personne en Dieu n’étant qu’une relation à l’Autre, dans une désappropriation totale d’elle-même; Dieu réalisant, dans le secret le plus intime de lui-même » 6 Dieu lorsqu’Il créé agit par le Père, mais le Fils et l’Esprit sont participants lorsqu’il parle : Il agit par le Fils, mais le Père et l’Esprit contribuent à ce dialogue. Lorsqu’Il se manifeste dans nos vies, c’est par grâce de l’Esprit envoyé par le Père et le Fils, un seul Dieu en trois personnes. Il n’y a pas trois Dieu, ni une seule personne. Or la Trinité nous introduit dans la révélation de l’amour toujours dynamique pour se manifester dans la richesse de la révélation.
La foi doit être l’occasion pour nous d’approfondir la connaissance de Dieu pour être au plus près de la révélation. Si Dieu nous a donné l’intelligence, c’est pour nous en servir afin de mieux le connaître et d’exercer nos choix dans la vérité de l’amour. Or seul le Christ nous fournit cette vérité qui nous rend vraiment libres, libres d’aimer et de choisir Dieu. La foi est donc un espace de liberté où nous rencontrons le Seigneur ! Soyons pleinement libres en prenant Dieu comme ami et, marchant le long de la route en méditant les Écritures pour avoir notre cœur tout brûlant, accueillir sa présence dans le partage.
Père Gregoire BELLUT -Curé – Doyen
1 Rm 16, 26 ; cf. Rm 1, 5 ; 2 Co 10, 5- 6 2 Grace adjuvante : La grâce qui s’ajoute à notre vie pour l’améliorer et lui donner la joie du ciel 3 Conc. d’Orange II, can. 7 : Denz. 180 (377). – Conc. Vat. I, l. c. : Denz. 1791 (3010). &5 Dei Verbum – Vatican II 4 &32 Lumen Fidei - François