« C’est pour que nous soyons libres que le Christ nous a libérés »

La liberté chrétienne s’acquiert par la mort et la résurrection du Christ. Il nous a libérés du péché et nous donne une nouvelle loi, celle de l’amour qui n’est pas pour abolir les commandements, mais pour les accomplir dans la logique de l’essentiel. Par grâce, nous voici embarqués pour vivre la volonté de Dieu, en accueillant l’intelligence des Écritures et en étant disponibles à la présence de l’Esprit qui nous mène sur tous les chemins de croissance et de communion avec Dieu. Chacun selon son charisme propre est appelé à vivre l’instant de Dieu dans son aujourd’hui. Nous l’apprenons à travers l’enseignement de l’Église. « La troisième partie du Catéchisme présente la fin ultime de l’homme, créé à l’image de Dieu : la béatitude, et les chemins pour y parvenir : par un agir droit et libre, avec l’aide de la loi et de la grâce de Dieu. » 2 Agir droitement demande d’éduquer la conscience à la recherche du meilleur bien, et agir librement nous appelle à être disponibles à l’amour dans la vérité de nos actes. Reconnaître l’amour du Père dans la présence du Christ nous fait comprendre la révélation. « Si vous demeurez fidèles à ma parole, vous êtes vraiment mes disciples ; alors vous connaîtrez la vérité et la vérité vous rendra libres. » 3 La liberté de l’amour nous affranchit des prescriptions humaines, pour rechercher dans la relation à Dieu la juste relation au frère.

Or, la vie en Dieu c’est le paradis, et la joie de Dieu nous y accueille dans la libre réponse de notre oui à son amour, toujours premier. « Cette vie parfaite avec la Très Sainte Trinité, cette communion de vie et d’amour avec Elle, avec la Vierge Marie, les anges et tous les bienheureux est appelée  » le ciel ». Le ciel est la fin ultime et la réalisation des aspirations les plus profondes de l’homme, l’état de bonheur suprême et définitif. » 4 L’accession au ciel est donc une réponse à l’amour de Dieu et la joie d’être avec Lui pour toujours dans la contemplation de sa présence. La dimension du paradis n’est pas l’excitation de nos désirs charnels sur terre qui deviennent une récompense au ciel, quand bien même y aurait-il dix mille vierges. « Le jugement emporte « l’homme en qui Dieu se complait » dans cette éternité qui subsiste entre le Père et le Fils par l’amour de l’Esprit-Saint… Sera introduit l’homme vivant, l’homme en son être tout à la fois âme et corps, le résumé de son destin, le contexte de ses actes et de ses œuvres… ce qui dépasse ici toute mesure, c’est qu’un être fini soit destiné à être introduit dans la communauté de Dieu. » 5 Le dynamisme de l’amour se trouve dans la relation, qui nous est proposée à travers la communion de tout notre être dans sa pleine cohérence avec la révélation du Dieu Un et Trine se révélant comme flamme d’amour. C’est pourquoi dès ici-bas nous sommes à la recherche du meilleur bien. « Nous pouvons nous ouvrir nous-mêmes, ainsi que le monde, à l’entrée de Dieu : de la vérité, de l’amour, du bien. C’est ce qu’ont fait les saints, qui, comme « collaborateurs de Dieu », ont contribué au salut du monde 6 . Nous pouvons libérer notre vie et le monde des empoisonnements et des pollutions qui pourraient détruire le présent et l’avenir. » 7 A travers cette liberté de Dieu qui fait de nous des filles et des fils, nous devons rechercher dans tous nos choix la vérité de l’amour pour orienter notre vie dans le choix de vivre la Parole et de nous offrir comme don de Dieu pour nos frères et sœurs.

1: Ga 5,1 | 2: & 16 CEC | 3: Jn 8,32-33 | 4: & 1023 CEC

Dans la cohérence de notre foi, nous affirmons la communion des saints et nous prions les saints et les saintes de Dieu qui portent nos prières devant sa face. La Reine du Ciel, Marie, montée corps et âme par anticipation, telle est la foi affirmée dans le dogme de l’Assomption, nous invite à nous tourner vers le Christ et à faire ce qu’Il nous dira. Elle porte nos prières auprès de son Fils et nous apprend à avoir le
juste comportement en nous demandant d’être réceptifs à la vie de l’Esprit. Elle nous révèle l’amour du Père dans la méditation des Écritures. Elle est pour nous signe de la présence de Dieu dans la nature humaine, un exemple à suivre, à aimer, à témoigner. La prière de la communion des saints à travers Marie et tous les saints n’est pas un dévoiement spirituel mais la logique de l’amour dans la relation du ciel et des différentes voies que nous offre le Seigneur pour accéder à Lui dans la transformation du cœur. Ce n’est pas non plus une concurrence, mais bien une complémentarité du dialogue. S’adresser à la Vierge Marie, et à tous les saints, oriente notre désir d’être tout en Dieu et de le retrouver face à face, Dans une foi confiante en sa providence qui passe par les médiations afin de mieux reconnaître l’amour créateur. L’Esprit Saint nous aide dans ce pèlerinage.

Nous comprenons alors que l’enfer, est le refus de l’amour, un enfermement sur soi-même et concrètement le refus du partage et du don. L’ange de lumière, Lucifer a été dans cet enfer lorsqu’il a refusé l’amour de Dieu et dans sa logique la relation de confiance. D’ailleurs le péché qui ne peut pas être pardonné 8 est justement le refus de la Personne Don qui peut tout restaurer lorsque nous acceptons qu’Il vienne nous rendre la cohérence d’images de Dieu appelées à la ressemblance. « La peine principale de l’enfer consiste en la séparation éternelle d’avec Dieu en qui seul l’homme peut avoir la vie et le bonheur pour lesquels il a été créé et auxquels il aspire. » 9 C’est un refus de Dieu qui nous rend esclaves du péché et des comportements déviants, comme nous le montre d’ailleurs si bien les addictions. Tout au long de notre vie nous devrons lutter contre tout ce qui nous conduit au mal, les violations de la dignité de l’homme et du respect de la vie. Nous devrons poursuivre un chemin d’accueil de son identité dans l’altérité de son être sans tergiverser et surtout, être à l’écoute de l’Esprit saint pour répondre son appel de sainteté.

5: P 133 Les fins dernières Romano Guardini | 6: cf. 1 Co 3, 9; 1 Th 3, 2 | 7: 35 Spe Salvi – Benoît XVI
8: Mt 12,31-32 « C’est pourquoi, je vous le dis : Tout péché, tout blasphème, sera pardonné aux hommes, mais le blasphème contre
l’Esprit ne sera pas pardonné. » | 9: & 1035 CEC

Ainsi donc, cette liberté dans l’amour de Dieu n’est pas question de nourriture ni de boisson. Le Christ nous a délivrés de toutes les prescriptions alimentaires de la loi de Moise, pour nous rappeler de vivre dans l’amour de Dieu : « ce que Dieu a déclaré pur, toi, ne le déclare pas interdit. » 10 Non, manger du porc nous ne conduit pas en enfer, car nous sommes libérés par le Christ une fois pour toutes. C’est le Christ qui nous conduit, lui le Fils de Dieu, notre Sauveur et notre Dieu. Il est le chemin de paix, la vérité de l’amour et la joie d’une vie de communion. Mais oublier de prier, d’entrer en relation avec lui, de vivre la communauté dans la célébration eucharistique nous éloigne de Dieu. Nous, chrétiens, réaffirmons
cette joie de croire en Dieu qui nous sauve par le Fils et nous envoie l’Esprit Saint, pour nous faire grandir en sa présence et vivre cette communion de l’amour dans la contemplation de sa face. Affirmons clairement notre foi, restons fidèles au commandement de l’amour et partageons cette Bonne Nouvelle du Salut à toutes les nations jusqu’aux périphéries de nos relations, de ceux qui nous entoure. En effet le Christ est notre joie et nous le partageons dans le dynamisme de l’amour. Réveillons le monde de sa torpeur pour redire la joie de Dieu dans la construction de la civilisation de l’amour.

Père Gregoire BELLUT -Curé – Doyen