La conversion : un changement de regard

,

 

Aujourd’hui encore il nous faut vraiment témoigner de la vie de l’Esprit en préparant nos cœurs à la rencontre, c’est-à-dire à vivre les conversions nécessaires pour opérer les bons changements La
conversion est lieu de réconciliation avec Dieu et de transformation de notre vie à l’écoute de sa Parole. C’est ainsi que nous serons une communauté attractive. Il s’agit de remporter la victoire sur la rupture radicale du péché et faire advenir, par grâce, un jardin intérieur où Dieu se présente pour dialoguer avec nous. Dieu a l’initiative, mais nous devons exprimer notre volonté pour vivre cette transformation,
porter du fruit et vivre notre vocation prophétique du baptême. Dans une prise de conscience personnelle et la volonté de laisser Dieu entrer dans nos vies, jaillit la communion fraternelle. Nous sommes alors au service des uns et des autres, sans penser à nous-mêmes, ni regarder nos propres forces, mais laissant le Père céleste gérer nos affaires en Lui faisant confiance. Faisons tout ce qui dépend de nous et, en même temps, accueillons le dessein de Dieu et sa sainte
volonté. C’est un combat quotidien, où il nous faut lutter contre la tentation pour prendre de la hauteur et accueillir l’esprit du Seigneur.
« "On prépare le cheval pour le jour du combat, mais c’est le Seigneur qui donne le salut" 1 En effet, certes l’esprit se dispose à lutter contre la tentation, mais s’il n’est aidé d’en haut, il ne combat
pas avec efficacité. » 2 Sans cesse il nous faut œuvrer en utilisant notre volonté et notre connaissance, pour vivre de l’Esprit et faire mémoire de son œuvre dans nos vies, et, en même temps, accueillir
le moment propice où l’Esprit Saint nous révèle l’aujourd’hui de la rencontre. L’œuvre de conversion communautaire nous amène à une réconciliation entre frères, dans un regard de bienveillance à développer sans cesse, sans mesure, et dans un pardon toujours à vivre, jusqu’à sept fois soixante-dix fois.

Le changement intérieur est lieu de témoignage autour de nous, l’un étant lié à l’autre. N’allons pas sur des pastorales de surface, en surfant sur l’émotion, de la belle musique ou de l’ambiance. La conversion du regard, au nom-même de l’amour, est une « victoire sur le péché, que ce soit l’égoïsme ou l’injustice, la domination orgueilleuse ou l’exploitation d’autrui, l’attachement aux biens matériels ou la recherche effrénée du plaisir. » 3 Ne plus vouloir vivre ensemble les réalités de la foi, comme le témoignage de la prière par la messe dominicale voire quotidienne, comme le manque de zèle à vivre ensemble des moments de formation ou de prière proposés par la communauté est un vrai problème. L’attachement aux biens matériels qui empêche un véritable partage des ressources, refusant de contribuer aux besoins de la paroisse, voire parfois avec défiance et récrimination sur les dépenses, laissant vagabonder dans toute la cité et aux alentours des paroles malhonnêtes et clivantes, ne rend pas gloire à Dieu, dessert l’Église et est un contre-témoignage. La domination orgueilleuse, dans l’accaparement des services de
l’Eglise, ou la volonté de jouir des biens sans participation financière juste sont aussi de l’ordre de la conversion. « L’unité doit être le résultat d’une vraie conversion de tous, du pardon réciproque, du
dialogue théologique et des relations fraternelles, de la prière, de la pleine docilité à l’action de l’Esprit Saint, qui est aussi Esprit de réconciliation. » 4 Aucun témoignage, aucune attractivité ne pourra se
faire si nous ne travaillons pas ensemble pour le bien de la communauté. Les familles auront du mal à amener des jeunes à vivre l’expérience spirituelle, si nous vivons dans les tranchées de
nos opinions et vivons la guerre par nos mots.

Aujourd’hui, dans la culture de mort, qui a dramatiquement assimilé l’avortement à un bien, nous voici confrontés à l’euthanasie. Un État qui légifère sur un « droit à mourir » est un "État-nazi". Pour nous chrétiens, sauvés par le Christ, il n’y a pas trente-six discours, mais une position commune de rejet d’une prescription à mourir et d’affirmation de la dignité de l’homme jusqu’au dernier souffle, car
c’est bien de cela qu’il s’agit. La communion que nous devons vivre et la conversion du regard passent aussi par une prise de conscience de chacun à l’écho de la Parole « Je suis le Chemin, la vérité, la vie ». Il nous faut dénoncer les discours totalitaires notamment venant de la culture de mort, la violence induite, et dire clairement notre opposition. Une fois que cela est fait, nous devons entrer dans le jeûne et la prière pour demander que le Seigneur nous aide à avoir l’attitude ajustée pour permettre la venue de l’Esprit Saint et la conversion du cœur des propagandistes. « Il y a encore le chemin souvent si difficile et ardu de l’action pastorale pour ramener chaque homme – quel qu’il soit et où qu’il se trouve – sur la route, parfois longue, du retour vers le Père dans la communion avec tous les frères. » 5
Alors commençons par nous-mêmes, travaillons notre volonté pour nous inscrire dans une démarche volontaire de changement et vivons la communauté dans la joie des rencontres afin de construire ensemble la civilisation de l’amour.

Père Gregoire BELLUT -Curé – Doyen