« Or le Seigneur c’est l’Esprit, et là où l’Esprit du Seigneur est présent, là est la liberté »
La réflexion en général part d’une situation pratique pour faire réfléchir, et Saint Paul nous rappelle l’importance de vivre une vie de liberté sous la mouvance de l’Esprit Saint. L’Esprit souffle la liberté et l’amour nous fait vraiment libres. Lorsque l’amour n’y est pas, c’est une illusion de liberté dans les choix posés, et cela s’appelle de l’aliénation. Le travail de la liberté est à rechercher dans une qualité relationnelle avec Dieu et notre prochain. Sinon, nous devenons esclaves de nous-mêmes et des autres dans une dépendance au refus du don, une dramatique course de la possession. Autrement dit, sans amour nous sommes esclaves du péché 2 et entrons dans une culture de mort, c’est être en proie à nos convoitises et dans une forme d’emprise émotionnelle empêchant le juste discernement du désir. Une vie sans Dieu conduit à un enfermement et l’idolâtrie nous égare loin de la source de la vraie vie. Travailler la liberté est d’apprendre à retrouver des choix qui ouvrent à une fécondité.
D’ailleurs la question de la liberté est donc la capacité à demeurer libre face au péché, dans le refus d’accéder à la tentation, mais au contraire, avec persévérance, marcher dans les exigences de la Parole de Dieu pour une unification de tout notre être. Une cohérence de vie ou chaque choix ouvre à une plus grande fécondité. La conversion est bien de ne pas vouloir suivre ses passions, mais se laisser guider dans le souffle de l’Esprit pour discerner le meilleur bien et le suivre. Appeler un chat, un chat est une nécessité dans la radicalité des engagements et la fuite rationnelle d’un relativisme mortifère. Trop souvent dans une mauvaise
compréhension de la liberté, nous pouvons arriver dans la vie spirituelle à parler de droit (en oubliant notamment nos devoirs), et affirmons des positions, même dans une forme de charité qui en oublie la vérité. « Revendiquer le droit à l’avortement, à l’infanticide, à l’euthanasie, et le reconnaître légalement, cela revient à attribuer à la liberté humaine un sens pervers et injuste, celui d’un pouvoir absolu sur les autres et contre les autres. » 3 L’enjeu de la conversion est justement de prendre conscience de nos enfermements ou nos difficultés à nous dominer, et à la lumière de la Parole prendre les résolutions nécessaires au changement.
1 2 Co. 3,17 2 2-2 Gaudium et spes – Vatican II 3 20 Evangelium vitae
Or la soif de possession jusqu’à notre propre vie, avant de l’accueillir comme un don entraine une sècheresse intérieur, un refus de la relation interpersonnelle sereine et juste avec Dieu et notre prochain, et se révèle une misère humaine effroyable dans la froide solitude et l’éloignement inexorable de Dieu. La perversion est de s’enfermer dans de telles positions et souvent dans l’incapacité d’en sortir, laissant douter même de l’indépendance du choix ! L’écoute fraternelle à la lumière de la sagesse du Très Haut, nous pousse toujours à entendre raison.
Le sacrement de l’eucharistie ne peut être partagé sans vivre le sacrement de réconciliation, en rappelant l’importance de se confesser au moins une fois dans l’année, avant Paques, (même s’il faut se confesser une fois par mois dans un rythme normal et avant les solennités). Ce n’est pas pour brimer qui que ce soit, ou refuser la communion, mais rappeler la cohérence des sacrements et la nécessité d’une liberté intérieure à faire grandir dans un juste rapport à la loi et à la miséricorde. L’exigence d’une vie chrétienne pour le baptême, et l’engagement des parrains 4 et marraines à avoir reçu les sacrements de l’initiation n’est pas de l’ordre d’une lubie personnelle d’une personne, ou d’une culture particulière, mais dans la catholicité de la foi, un rappel du droit dans une vision pastorale de fécondité du témoignage. L’importance de la fidélité dans le mariage et le lien de l’indissolubilité rappelle dans cette liberté de l’engagement une même prise de conscience dans l’attention à la fidélité de la présence eucharistique et l’exigence d’une vie orientée vers le meilleur bien à travers des actes positifs de recherche de conversion. La vie sacramentelle ne peut être lue en réponse à des droits, ni à un sentimentalisme éculé de braderie de charité, mais doit être liée à l’exigence d’une conversion qui demande un cheminement dans le temps et l’espace afin de percevoir le souffle de l’Esprit et discerner en vérité dans la connaissance des actes et l’appel à la sainteté, c’est-à-dire à la croissance de la vie de grâce avec Dieu. Ainsi, par notre engagement à suivre la vie de l’Esprit nous accomplissons notre vocation d’image de Dieu, et sommes illuminés de sa grâce, alors nous grandissons en sa présence et portons le fruit providentiel pour la moisson, chacun selon sa propre force. Dieu agit dans notre vie c’est une évidence, lorsque nous acceptons de voir les signes dans le dynamisme de l’amour et la logique de notre propre vie. Il se manifeste dans notre histoire, mais encore faut- il avoir le discernement nécessaire à l’intelligence des écritures et ouvrir nos yeux à sa présence pour témoigner avec vigueur de cette joie de la rencontre. Notre liberté est de l’accueillir comme notre Seigneur et notre Dieu et suivre le
chemin de vie dans l’accomplissement de la promesse de vie éternelle sur notre existence.
4 Canon 874 – Code de droit canonique 1983
Oui, notre vie prend sens lorsque Dieu est présent. « Car, si l’homme existe, c’est que Dieu l’a créé par amour et, par amour, ne cesse de lui donner l’être ; et l’homme ne vit pleinement selon la vérité que s’il reconnaît librement cet amour et s’abandonne à son Créateur » 5 La conscience de la présence de Dieu dans notre vie oriente tout notre être vers le chemin du Salut. Connaître l’amour et vouloir l’amour nous ouvre à une liberté de choix fécond pour une juste relation. Or le Concile nous rappelle que l’homme ne peut être pleinement lui-même que s’il s’abandonne à son Créateur, c’est-à-dire, s’il écoute sa voix et
vit l’amour en toute chose. ….
Père Gregoire BELLUT – Curé – Doyen