Ne soyons pas des faussaires spirituels

La vie de foi impose un engagement dans la vérité de l’amour que nous essayons de partager autour de nous. Des actes à poser pour rechercher ensemble la vie de Dieu dans le courant de grâce. En clair l’amour se vit dans les choix que nous posons. L’importance de notre implication tant religieuse que sociale impacte la vie fraternelle. Témoigner demande le courage d’annoncer et de s’opposer à tout ce qui conduit au péché, à la violence et à la haine, voire toute forme d’idolâtrie qui conduit fatalement à la tyrannie.

En effet la participation à la vie de l’Esprit Saint demande de rechercher une vie de communion. Comment pouvons-nous nous éloigner de la vie de Dieu ? Par l’idolâtrie ! Tel est la triste histoire de Babel. « Allons ! Bâtissons-nous une ville, avec une tour dont le sommet soit dans les cieux » Avoir une demeure dans les cieux à l’égal de Dieu, science sans conscience à perte d’âme. « Rien ne les empêchera désormais de faire tout ce qu’ils décideront. » Une utilisation de la liberté comme un possible sans vision, plutôt qu’une participation à la liberté de l’amour du meilleur bien, voilà de quoi Dieu veut protéger l’homme de lui-même pour le rapprocher du jardin de la cohérence dans l’inter-dit (propre de la relation) c’est-à-dire de l’amener à retrouver la communion dans la familiarité d’une parole de
vérité pour grandir en présence du Seigneur. Il nous faut rappeler l’importance de chasser toute intolérance, et notamment de refuser explicitement la culture de mort et du libéralisme libertaire, mettant le choix de vie en concurrence avec le choix de mort. Une telle pensée est ignominieuse et amène à la tyrannie d’une marchandisation du corps et à une forme de cynisme sociétal dont l’aspect économique dans son aspect mercantile n’est jamais éloigné. Le libéralisme libertaire, « c’est mon corps,
c’est mon choix », n’est ni écoutable, ni entendable, ni respectable, ni relatif. Comme le racisme, le ségrégationnisme ou toutes les positions de violence, une telle idéologie doit être dénoncée comme l’extrémisme d’une étrange éthique barbare et en tout cas régressive, voire d’un individualisme mortifère. La volonté de dialogue n’est pas l’absence de valeurs, ni le relativisme. Il faut toujours se positionner contre des propositions qui blessent l’humanité.

En effet le choix que nous posons personnellement a toujours une incidence sociale et ne peut pas être déconnecté du contexte ni du message que cela induit autour de nous. Une liberté interrelationnelle resitue nos choix dans le domaine de l’échange auquel nous participons personnellement et communautairement. Or dans la foi il nous faut grandir avec une meilleure connaissance de Dieu pour accueillir cette vérité de l’amour et opérer la meilleure liberté dans l’expression la plus juste du rapport à Dieu, au frère et à soi-même. « Associée à la parole, la connaissance est toujours une connaissance personnelle, une connaissance qui reconnaît la voix, s’ouvre à elle en toute liberté et la suit dans l’obéissance » 1 La connaissance n’est pas une fermeture sur des projets personnels, mais bien une construction du bien commun pour bâtir la civilisation de l’amour. Elle est ce désir de servir Dieu et d’être attentif à la création. La liberté s’exprime dans la connaissance de Dieu, et la volonté d’être à l’écoute de sa loi pour le servir jour après jour, et désirer véritablement d’être avec Lui. D’ailleurs la sainteté n’est-elle pas cette recherche personnelle de servir Dieu et de laisser sa grâce toujours première
agir en nous ? La liberté d’être disponibles à la grâce, à la vie de Dieu, à la vie fraternelle dans le souci du frère, un appel à retrouver cette ferveur première d’être tout en Dieu, telle est notre vocation. « Nous sommes libres, de la liberté de Jésus-Christ, mais il nous appelle à examiner ce qu’il y a en nous – désirs, angoisses, craintes, aspirations – et ce qu’il se passe en dehors de nous – “les signes des temps” – pour reconnaître les chemins de la pleine liberté : « Vérifiez tout. Ce qui est bon retenez-le » 2 .  » 3 Le témoignage dans la foi, et notre vie spirituelle dans la prière au service de l’amour est découverte de l’action de Dieu dans notre vie et une compréhension de ce que nous devons vivre dans la réalité du quotidien, une fécondité à acquérir pour grandir en image de Dieu et accueillir cette libération intérieure où tout prend du sens dans le feu de l’Esprit pour annoncer la Bonne nouvelle du Salut. Le Christ est notre vie. L’Esprit Saint nous enseigne que la pleine liberté est l’intelligence des Ecritures, rien ne
sert de gémir en allant vers Emmaüs, mais retournons à Jérusalem dans la joie de la rencontre.

1 &29 Lumen Fidei - François
2 1Th 5, 21
3 &168 Gaudete et exsultate - François

Aujourd’hui dans les lois autorisant l’avortement ou l’euthanasie, avec ce stupide désir de qualifier l’admissibilité de la vie, ou parfois dans un critère subjectif individualiste, d’un corps vu comme tas de cellule, nous voici conviés dans le souffle de l’Esprit Saint à répondre de notre foi. Nous sommes appelés à refuser cette forme d’idolâtrie de faire de la matière une fin en soi dans un clivage profond de fraternité. Le bulletin de vote est parfois un refus d’adouber une liste qui fait de l’avortement le fer de lance de sa campagne. Il nous faut être plus clairs dans l’engagement citoyen en relisant les programmes politique à l’aune des Ecritures, mais plus encore, dans un discernement prudentiel à rejeter tous les excès, et notamment la course en avant probablement démoniaque des lois bioéthiques proposant la
culture de mort comme seule porte d’entrée dans une prétendue modernité si tyrannique.

La vie dans l’Esprit nous demande d’orienter nos choix vers le respect de toute vie. Et cela demande des comportements responsables, comme le choix de nos politiques, en ne nuançant pas les propos, lorsqu’ils sont mis en exergue. Dire non à la culture de mort, c’est respecter le Dieu de la vie, c’est empêcher les langages discordants et l’embrouillamini dispersant au lieu de construire dans une recherche de bien commun. Le péché de Babel, dans la volonté d’être comme des dieux par la science et la technique, est dispersion de l’homme sur toute la Terre, mais aussi, une incompréhension du langage et une confusion des projets communs pour des intérêts personnels, culturels, raciaux, sauvages parce que sans Dieu. La même embrouille sur l’idéologie laissant de côté ceux qui ne pensent pas comme nous, les ostracisant, voir les radicalisant vers l’extrémisme alors que le propre de la tyrannie de la culture de mort est d’imposer ensuite son point de vue, comme le seul acceptable.

La tour de Babel est ce refus de Dieu et de sa grâce dans notre vie, pour une indépendance poussant au désordre et à l’embrouille dans nos vies. La foi est confiance en la Parole de Dieu, et une volonté commune d’amener la civilisation de l’amour. L’appel de l’Esprit Saint, pour redresser ce qui est tordu, comme un appel à marcher sous la conduite du Seigneur nous amène à recevoir l’amour de Dieu pour nous fortifier et nous rassembler dans un même Esprit. L’homme est appelé à marcher sous la conduite du Seigneur et à écouter sa Parole pour découvrir le courant de grâce dans l’actualité d’aujourd’hui. Ne baissons pas les bras, n’obstruons pas nos bouches, ne fermons pas nos yeux, mais, dans un témoignage fiable, redisons la radicalité de la vie comme un don de Dieu à respecter, une dignité de l’homme, qui se reçoit comme image de Dieu et dont il est dépositaire et non propriétaire. On ne met pas la main sur Dieu ni sur son image.

Père Gregoire BELLUT – Curé – Doyen