« L’homme et sa femme allèrent se cacher aux regards du Seigneur »
(2 ème partie)
La troisième violence est le refus de la relation à l’autre. Une perte de communion, en ne se reconnaissant pas fils du Père, et, en même temps, en refusant la fraternité, dans ce clivage du péché qui nous rend ennemis bien que pourtant également aimés de Dieu. Point de route commune, mais l’expression d’une opposition systématique à toute rencontre. Caïn rejetant son frère Abel par jalousie, et par envie, dans une même expression de la haine de l’autre face à moi, et de ce sentiment de perte. La relation est sujette à tension, dans une impossible communion. Lorsque le refus d’être ensemble se dévoile alors, un sentiment de culpabilité devient comme un monstre tapi à la porte et prêt à exploser.
La société des écrans et l’incapacité de rencontre 2 entre générations montrent cet écart de la relation et l’explosion des modes de communication dans un monde binaire et arbitraire, source d’angoisse et d’incapacité d’expression libre d’une volonté d’aller plus loin dans le temps : d’un simple clic on passe à l’exclusion 3 . Or, lutter contre cette forme de violence dans la volonté de poursuivre le dialogue, c’est s’ouvrir à la charité pour la mettre en pratique. La foi nous pousse à générer la communion entre nous, à être artisan de paix afin de rendre témoignage des fruits de l’Esprit, et vivre d’amour pour imiter le Christ en toute chose. « Les œuvres d’amour envers le prochain sont la manifestation extérieure la plus parfaite de la grâce intérieure de l’Esprit : « L’élément principal de la loi nouvelle c’est la grâce de l’Esprit Saint, grâce qui s’exprime dans la foi agissant par la charité ». 4 Par là il affirme que, quant à l’agir extérieur, la miséricorde est la plus grande de toutes les vertus » 5 Le témoignage de vie n’est pas quand tout va bien, mais elle est en toute circonstance qu’il faut vivre la miséricorde et avoir cette relation prophétique à la Parole pour proclamer notre attachement au Christ.
1 Gn 3 2 On pourrait aussi écrire et dire que la société des écrans est l’incapacité des rencontres… 3 D’un simple clic on créé une violence sourde mais parfois sismique…. Et les retombées ne sont pas toujours évaluées avec justesse et discernement. 4 S. Th. I-II, q. 108, a. 1. 5 &37 Evangelium Gaudium François
Lutter contre la violence est d’abord accueillir l’autre dans toutes ses réalités. Et, en tout cas, être dans la non-malfaisance, c’est-à-dire dans la relation au prochain en recherchant ce qui peut faire grandir. La bonne direction est d’affermir notre démarche de fraternité dans les pauvretés qui sont siennes, qui sont nôtres.
La quatrième violence est le refus de la relation spirituelle dans ce qui fait notre existence. Une perte de soi dans une fragmentation des désirs, et le jaillissement de pulsions. En quelque sorte, se priver de la grâce de Dieu, gisant dans la vallée de la peur et de l’angoisse, parce que l’homme veut se débrouiller seul, et être sa propre norme suivant les pulsions du moment pour rester moderne. Une imposture des charismes dans l’instrumentalisation de l’Esprit Saint pour son propre pouvoir, et le fourvoiement d’une obéissance révélant finalement l’emprise de l’abus. Jusqu’à ne pas vouloir que Dieu agisse dans sa vie, et dans la vie des autres, révélant ainsi la faille béante du refus de l’Esprit Saint.
Or, le repos se trouve en Dieu, et la lumière intérieure nous donne la joie d’une réintégration de tout notre être dans l’harmonie avec Dieu. « Revenez à Dieu de tout votre cœur, laissez là ce misérable monde, et votre âme trouvera le repos. Apprenez à mépriser les choses extérieures et à vous donner aux intérieures, et vous verrez le royaume de Dieu venir en vous » 6 L’expérience de la profondeur en l’intime de Dieu nous pousse à la contemplation et à cette expérience vivifiante de cheminer vers le salut. Le repos ne se vit pas dans une guerre à nous-même, refusant l’invasion étrangère, mais en reconnaissant qu’au plus intime de nous-même, Dieu est le premier hôte, celui qui nous a créés et qui nous appelle à l’existence de communion avec Lui, pour toujours. Ne pas vouloir être l’égal de Dieu
demande une notion d’équité avec nos frères pour être à sa juste place, et dans une relation d’amour dans la vérité de nos actes. Sans cesse il nous faut travailler à nous laisser guider par l’Esprit de Dieu.
De ces quatre points de violence, il nous faut surtout souligner le manque de liberté opéré par le péché. Certes, la désobéissance à la Parole, comme manque de confiance en Dieu, instaure une relation faussée, mais elle entraîne la violence. En effet la disqualification de la place de Dieu dans notre vie et dans notre monde enchaîne les relations de la cité dans un rapport de force insoutenable. Plus qu’un enchaînement, il y a une forme de tyrannie dans une position normative d’une morale contextuelle. « La Parole du Christ nous délivre, car elle nous fait mesurer ce qui est absolu, sans discussion et sans concurrence, et ce qui est relatif. Elle nous aide à comprendre que pour vivre vraiment dans le Christ, il faut que nous vivions Du Christ. » 1 Retrouver sa liberté, c’est vivre dans la paix de l’Esprit et accueillir la joie de la rencontre dans une attention à Dieu, à soi et au monde. Un travail de pacification doit toujours être proposé pour vivre une bonne communication dans un dialogue sincère, et la recherche de communion pour avancer en disciple à l’exemple du seul Maitre, Jésus, le Christ, Notre Seigneur.
6 LII, 1,1 Imitation de JC
Père Gregoire BELLUT -Curé – Doyen