Le mot du moment pour dire son relativisme c’est demander le respect de ses propres convictions, pour ne pas se justifier et mettre la foi dans une forme de relativisme ambiant délétère. Les actes deviennent donc une liberté de choix de chacun, une expression de sa personnalité qui ne doit pas rendre de comptes. « Etant donné que les choses justes ou injustes sont telles qu’on a dites, quelqu’un se montre
juste ou injuste dans ses actes chaque fois qu’il les exécute de son plein gré. » 1 Les actes sont donc liés à la personne et demandent de rendre des comptes. Il n’est pas dans l’hypocrisie d’un aller-retour du respect qui refuse le questionnement. « Respecte ce que je pense, et je respecte ce que tu penses… » Le premier problème de cet argument fallacieux est que normalement le respect porte sur la personne humaine, sa pensée et ses actes et non seulement sur une prise de position ! Jean-Paul II à la suite d’Aristote nous dit que la personne s’exprime dans son acte mais ne se réduit pas à celui-ci. Le respect, notamment lors des discussions spirituelles, concerne donc la globalité de la personne humaine, et non
pas l’argument d’une symétrie dans la vérité de la foi, ni que toutes les croyances se valent. « Je suis le Chemin, la Vérité, la Vie » 2 .

Le Christ nous conduit, Lui seul nous donne de marcher dans la vérité de la foi, sur le chemin du bonheur éternel, et nous fait comprendre la vie en Dieu. Certes Il agit avec Toute Puissance, c’est le mystère de la relation à l’homme, qui ne permet pas d’enfermer dans des carcans ou des schémas de pensée unique. La toute-puissance est universelle et ne dépend pas du baptême, mais bien de l’action de Dieu qui agit envers tous selon son dessein d’amour. Un non-chrétien (c’est-à-dire quelqu’un qui ne croit pas que Jésus Christ est Dieu) peut connaître une manifestation de Dieu dans sa vie pour l’aider à s’épanouir dans le meilleur bien. Mais pour tout baptisé, il y a bien une progression entre la pensée et l’acte pour témoigner dans tout son être de son propre attachement à Dieu et à sa Parole de bonheur à travers les commandements. Le Christ nous apprend à vivre dans la liberté de l’amour en choisissant toujours Dieu pour connaître le vrai bonheur de communion avec Lui pour l’éternité.

1 - Ethique à Nicomaque V 13.2.1 - Aristote | 2 - Jn 14,6

L’autre problématique du respect, c’est de le demander pour soi afin d’être tranquille dans ses positions sans se remettre en question et dans la suffisance de sa pensée parfois autocentrée. Il y a une forme d’hypocrisie dans cette demande de respect qui, lorsque la pensée conquiert un certain nombre de personnes, devient une tyrannie de la pensée (une police de la pensée), car ceux qui conçoivent autrement et vivent différemment (et parfois de manière prophétique) sont exclus du champ social. C’est donc un respect à géométrie variable qui vient d’une certaine forme de naïveté étonnante à vouloir vivre sa foi dans le flou spirituel, avec des ascendances ésotériques, et ne voit pas se profiler les tyrannies impitoyables qu’elle nourrit. Recevoir de Dieu demande alors d’être attentif à ne pas perdre le sens de notre relation à Lui. « Au nom de Dieu : respecte, défends, aime et sers la vie, toute vie humaine ! C’est seulement sur cette voie que tu trouveras la justice, le développement, la liberté véritable, la paix et le bonheur! » 3 Faire la vérité dans sa vie demande alors un discernement prudentiel pour ne pas s’engager dans des impasses impitoyables. Le respect se fonde d’abord sur celui de la vie en Dieu et de la vérité de notre relation aux prochains, pour promouvoir la dignité humaine afin de manifester la prodigalité de
l’amour de Dieu.

Il nous faut bannir le mot respect lorsqu’il est similaire à relativisme. Au contraire, nous devons appuyer sur la dignité de l’homme et sa création à l’image de Dieu qui demande d’être attentifs à vivre de notre vie en Dieu de manière fiable. « Toute menace contre la dignité de l’homme et contre sa vie » 4 doit nous fait réagir au nom de notre foi. Une juste relation à Dieu et aux autres nous fait vivre en paix et recevoir la présence de l’Esprit Saint dans la joie de la rencontre. Or, parler de la dignité de l’homme demande de promouvoir l’écologie intégrale, dans la relation de l’homme à Dieu, à lui-même, au prochain et à toute la création. Telle est la définition de l’écologie intégrale. Elle n’a rien à voir avec des programmes politiques parcellaires qui veulent des plantes, sans le principe de réalité des déplacements, et promeuvent la biodiversité tout en prônant l’avortement et l’euthanasie. Je ne parle même pas des anti-OGM qui acceptent le trafic d’ADN pour certaines PMA. La foi chrétienne nous demande une cohérence de vie et nous invite à témoigner clairement du message du Royaume. « Personne ne pourra nous enlever la dignité que nous confère cet amour infini et inébranlable. » 5 En toute occasion il nous faut redire cette joie de croire, témoigner de notre foi en toute circonstance et vivre du feu de l’Esprit Saint dans notre vie afin de propager la civilisation de l’amour et d’annoncer l’œuvre du Salut en Christ. « La proclamation de l’évangile sera une base pour rétablir la dignité de la vie humaine » 6 .

3 - Evangile de la vie – Jean Paul II
4 - 3 Evangile de la vie – Jean Paul II

Père Gregoire BELLUT -Curé – Doyen