Le Christ est vraiment ressuscité des morts

La joie de Pâques fait de nous des témoins du Christ ressuscité et nous invite à aller à la rencontre de tous pour proclamer la bonne nouvelle du Salut. La joie de Pâques est l’annonce du Salut. De victime, le Christ se révèle comme le Sauveur : Celui qui vient faire de nos sacrifices de louange une communion au corps et au sang du Christ. L’holocauste devient alors l’oblation pour une vie de communion avec Dieu prolongée dans le souffle de l’Esprit. « En Jésus-Christ crucifié, déposé dans le sépulcre et ensuite
ressuscité, « resplendit pour nous l’espérance de la résurrection bienheureuse…, la promesse de l’immortalité future » 1 , vers laquelle s’en va l’homme à travers la mort du corps, en partageant avec toutes les créatures visibles cette nécessité à laquelle la matière est soumise. » 2 Par la résurrection,
nous comprenons que le corps a sa part dans la réalité du Royaume. Vivifié par l’Esprit, le corps prend une place nouvelle auprès de Dieu comme participant à sa louange. Le Seigneur passe dans notre vie et frappe à notre cœur pour que nous le laissions entrer. Il ne s’impose pas, mais la lumière de la résurrection dessille nos yeux pour entrer dans cette contemplation pleine d’émerveillement. Il nous a sauvés, ce qu’Il a promis s’est réalisé, tout cela est vrai. Il est Dieu et notre Rédempteur.

La mort n’est plus un mur, mais un passage vers la vie en Dieu. Corps et âme, nous sommes appelés à ressusciter à la suite du Christ. « Je crois en la résurrection de la chair et en la vie éternelle ». Cette affirmation est complétée par la Théologie du corps, qui est l’expérience du cœur dans la réalité du corps pour rendre gloire à Dieu dans la sainteté de tout notre être, c’est-à-dire l’ajustement au dessein de Dieu. « La structure et la destinée du corps sont incluses dans la vitalité de l’âme » 3 à chaque étape de notre vie, le corps connaît un cycle du temps dans un rapport aux autres qui s’expriment différemment. Ce n’est pas une question d’acquisition ou de perte, mais c’est un processus de croissance vers d’autres réalités. La vieillesse n’est pas un naufrage, mais la grâce d’un autre temps à découvrir dans un rythme différent qui nous apprend la prudence et la sagesse du discernement sur ce que nous devons connaître pratiquement. « Si, comme nous l’avons déjà dit, la création est un don fait à l’homme, alors sa plénitude et sa dimension la plus profonde sont déterminées par la grâce, c’est-à-dire par la participation à la vie
intérieure de Dieu lui-même, à sa sainteté. » 4 Comment vivre pleinement sa foi ? Ce n’est pas un catalogue de valeurs ni un carcan de normes à suivre, mais une rencontre avec notre Sauveur, une vie dans l’amour de Dieu et l’expérience d’un témoignage de cette lumière qui nous habite et nous fait
tendre vers la grande espérance du Salut.

Nous avons besoin de témoins ! Tout au long de notre vie, et celle de l’Église, dans la tradition apostolique, des hommes et des femmes ont vécu l’évangile et nous ont donné la saveur de Dieu à travers le témoignage authentique d’une vie tournée vers Lui. A la résurrection, Marie-Madeleine vient honorer le Christ, comme chacun d’entre nous, à la suite d’une méditation des Écritures, nous devons aller à la rencontre du Seigneur, dans le tombeau de nos nuits spirituelles, ces nuits obscures, où nous nous sentons parfois perdus et en train de couler… La confiance de Marie-Madeleine nous redit cette joie de voir le maître en tout temps, en tout lieu, en toute circonstance, pour effectuer le retournement nécessaire vers une authentique adoration en esprit et en vérité. « À notre époque aussi, les gens préfèrent écouter les témoins : « ils ont soif d’authenticité […] Le monde réclame des évangélisateurs qui lui parlent d’un Dieu qu’ils connaissent et fréquentent comme s’ils voyaient l’invisible ». 5 C’est un appel pour, dans notre propre vie, vivre notre vocation d’enfants de lumière. C’est le pèlerinage de toute une vie pour aller à la rencontre de Celui qui vient, où il nous faut sans cesse tenir nos lampes allumées pour nous tenir prêts à sa venue dans la gloire.

De quoi nous faut-il témoigner dans la joie de Pâques ? D’une véritable conversion qui passe par des actes sincères, notamment dans la recherche de communion entre nous, dans l’obéissance de la foi et une vie de conversion toujours à la recherche du meilleur bien. Trop souvent nous sommes des chrétiens de tradition, des mercenaires de la foi, avec une pratique toute relative sans déranger ce que nous ne voulons pas transformer sous le regard de Dieu. Nous vivons une forme d’idolâtrie spirituelle en voulant faire coïncider des comportements inappropriés avec la foi, au nom d’une perception de la nature humaine faite de relativisme et de culturalité. C’est une forme de déterminisme, dans ce que nous sommes, qui empêche toute possibilité de renouvellement dans la vie en Dieu ! Or, le Christ ressuscité
nous rappelle sa victoire sur l’homme ancien pour aller à la rencontre d’une nouvelle création. La foi permet justement la transmission du témoignage de l’amour avec un regard d’espérance. Avec l’amour de Dieu, toutes les possibilités sont offertes, pour nous faire cheminer dans la grâce. L’unicité de Dieu, concrètement vécue dans l’amour, demande un ajustement dans la relation du disciple pour se conformer à sa volonté. « Telle est la plénitude et la force de l’amour miséricordieux qui est pure grâce vivifiante. » 6 Le Dieu un et trine, dans le dynamisme de l’amour, révèle à l’homme le chemin de vie
pour tout son être. C’est pourquoi d’ailleurs, on peut dire que la théologie du corps, donnée lors des catéchèses du mercredi, est une théologie de la grâce où nous découvrons la joie de Dieu nous invitant à faire l’expérience d’une liberté retrouvée dans la vie de l’Esprit, à l’écoute du Verbe fait chair.

La résurrection du Christ ouvre notre intelligence à d’autres réalités, celles de Dieu, et nous fait marcher à la recherche du sens profond pour témoigner de cette joie de croire. Les anges nous parlent en témoins de cette joie de la résurrection qui fait entrer l’homme au paradis par le nouvel Adam. Il nous précède en Galilée dans ce carrefour des nations, parce que nous devons témoigner en tout lieu de la joie de l’évangile, dans l’audace de l’annonce et le zèle missionnaire.

Père Gregoire BELLUT -Curé – Doyen