Père, soit loué pour toutes les merveilles de la création,

la multitude des étoiles, le spectacle des montagnes,

le coucher de soleil sur le mer, la multitude des animaux, la beauté des fleurs.

 

Seigneur Jésus, soit loué pour ne pas nous laisser éblouir par toutes les inventions modernes,

Aide-nous à faire de notre vie une participation au respect de la nature,

un engagement au service de la justice et de la paix.

 

Esprit Saint, aide-nous à regarder toute personne humaine – homme, femme, enfant –

comme un être aimé de Dieu.

Dès la première page de la Bible,

dans le premier récit biblique de la création (Livre de la Genèse, chapitre1) un refrain souligne à la fois la bonté du Créateur et la beauté de la création : « Dieu vit que cela était bon ». Et l’écrivain sacré d’ajouter : « Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa : mâle et femelle il les créa… Dieu vit tout ce qu’il avait fait, c’était très bon. »

Ce regard de Dieu qui admire tout ce qu’il a fait est une invitation pour le lecteur à reconnaître la grandeur, la profondeur et la beauté de Dieu  à travers sa création. Comme nous le dit le livre de la Sagesse : « car la grandeur et la beauté des créatures conduisent par analogie à contempler leur Créateur » (Sg 13, 5). C’est un peu comme lorsqu’on admire une œuvre d’art, nous pouvons admirer ce qui est représenté, mais le tableau ou la sculpture nous dit plus que ce qui est représenté, nous révélant quelque chose de l’artiste lui –même.

Nous vivons dans un monde merveilleux de techniques et de découvertes, mais nous risquons de perdre le contact avec une nature originelle et d’oublier Celui qui en est l’auteur. A force de vouloir exploiter toutes les ressources de la planète, nous risquons tout simplement de la détruire. Toutes les découvertes et les progrès de la technique et ses applications nous entraînent dans une idolâtrie devant le pouvoir de l’homme : « ils ont adoré et servi la créature au lieu du Créateur » (Rm 1, 25). Oui, nous sommes entourés de tout ce que l’homme a inventé mais toute l’activité humaine sans réflexion sur la beauté de la création nous entraîne à mettre en danger la santé de notre « maison commune ». Le pape François commence son encyclique sur la sauvegarde de la maison commune en citant la prière de St François « Loué sois-tu, mon Seigneur, pour notre sœur la terre, qui nous soutient et nous gouverne, et produit divers fruits avec des fleurs colorées et l’herbe ». Déjà le pape Paul VI avait souligné l’urgence et la nécessité d’un changement presque radical dans le comportement de l’humanité, parce que « les progrès scientifiques les plus extraordinaires, les prouesses techniques les plus étonnantes, la croissance économique la plus prodigieuse, si elles ne s’accompagnent d’un authentique progrès social et moral, se retournent en définitive contre l’homme » (Paul VI cité par François dans « Laudato Si » n°4).

Jésus, dans l’Evangile,

porte son regard sur la beauté de la nature et sur les créatures : il nous invite à partager avec lui un regard de contemplation pour rendre grâce à Dieu. « Observez les corbeaux ; ils ne sèment ni ne moissonnent, ils n’ont ni cellier ni grenier ; et Dieu les nourrit. Combien plus valez-vous que les oiseaux » ! « Observez les lis : ils ne filent ni ne tissent et, je vous le dis, Salomon lui-même, dans sa gloire, n’a jamais été vêtu comme l’un d’eux. Si Dieu habille ainsi en pleins champs l’herbe qui est là aujourd’hui et qui demain sera jetée au feu, combien plus le fera t-il pour vous, gens de peu de foi » (Mt 6, 26-30).  Jésus  fait de ce qu’il observe une invitation pour chacun d’approfondir son regard  pour découvrir les signes de Dieu. Aux Pharisiens et Publicains lui demandant un signe venu du ciel il répond : « Le soir venu, vous dites : «  il va faire beau temps, car le ciel est rouge feu : et le matin : « Aujourd’hui, mauvais temps, car le ciel est rouge sombre » Ainsi vous savez interpréter l’aspect du ciel, et les signes des temps, vous n’en êtes pas capables » (Mt 16, 2-3)

Dieu regarde le cœur et m’invite à convertir mon regard !

Lorsque Samuel est envoyé auprès de Jessé pour choisir le futur roi, le Seigneur lui dit : « Ne considère pas son apparence ni sa haute taille, car je l’ai écarté. Dieu ne regarde pas comme les hommes ! les hommes regardent l’apparence, mais le Seigneur regarde le cœur » (1 Sm 16, 6-7).

Lorsque Jésus passe près de la piscine de Bethzatha où  était couchée « une foule de malades, aveugles, boiteux et impotents », il voit l’un d’eux, un homme de 38 ans ! Le voyant couché là, et apprenant qu’il était dans cet état depuis longtemps, il lui dit « veux-tu être guéri ? » Le malade lui répondit : « Seigneur, je n’ai personne pour me plonger dans la piscine au moment où l’eau bouillonne ; et pendant que j’y vais un autre descend avant moi » (Jn 5, 2-7). Face à la foule des infirmes Jésus pose son regard sur cet homme qui n’avait personne pour l’aider et qui pourtant venait depuis des années. Il porte son attention sur cet homme et admire sa persévérance, il regarde son cœur et lui dit : « lève-toi, prends ton brancard, et marche ».

Chaque année à Pâques, des adultes accueillent cette parole de Jésus. Parmi la foule de gens paralysés, quelques-uns ont perçu un appel personnel de Jésus : ils découvrent qu’ils ont été choisis par ce regard de Jésus qui leur révèle le regard de bonté du Père. Chaque année à Pâques, après avoir entendu le récit de la création, Jésus repose à chacun cette même question « veux-tu être guéri ? ». Quelques semaines plus tôt, l’appel décisif des catéchumènes par l’évêque était déjà l’écho de ce regard de Jésus et de son appel : « veux-tu être guéri ? »

Chaque baptisé est invité à se souvenir de cet appel de Jésus, relayé par son Eglise.

Si Dieu, en Jésus, me regarde ainsi, c’est que ma vie a du prix à ses yeux : « Tu vaux cher à mes yeux, et moi je t’aime ! » (Is 43, 4).

P. Philippe BRADEL, f.c.