«  Il éveille mon oreille pour qu’en disciple, j’écoute. »

Ecoute ce que je dis à travers ce que je fais

La conversion du cœur est d’être tout au Seigneur, faire sa volonté à toute heure et reconnaître notre vrai bonheur. L’éveil à la Parole de Dieu suscite en nous le désir d’aimer toujours plus et de vouloir une communion plus forte afin de progresser dans l’alliance et d’être fidèle au projet créateur
en vivifiant le don d’être à l’image de Dieu. « Parce qu’il est à l’image de Dieu l’individu humain a la dignité de personne : il n’est pas seulement quelque chose, mais quelqu’un. Il est capable de se connaître, de se posséder et de librement se donner et entrer en communion avec d’autres personnes, et il est appelé, par grâce, à une alliance avec son Créateur, à Lui offrir une réponse de foi et d’amour que nul autre ne peut donner à sa place. » 1 L’exercice de notre responsabilité dans l’usage du don de Dieu
nous invite à utiliser notre volonté pour mieux le connaître, faire mémoire de sa présence et vouloir aller jusqu’au bout avec Lui, dans le don sincère de nous-mêmes. Pourquoi vivre, sinon pour refléter cette image de Dieu autour de nous et trouver ce qui a du sens pour une croissance éternelle. L’image de
Dieu n’est pas de l’ordre du symbole, mais du sens de Dieu dans notre vie et du mystère de la révélation qui se perçoit dans l’analogie. En créant l’homme, Dieu y a laissé sa trace, son image, promesse de bénédiction et de Salut.

Or le problème de notre humanité est d’être confrontée d’abord à un choix qui demande la confiance et, d’autre part, au mal qui vient nous fourvoyer. L’acte de confiance est l’écho de l’amour de Dieu dans la pudeur de son action qu’est la liberté. Comment vivre cette liberté dans la source de nos
actes humains et y trouver sa moralité ? Dans la foi, la norme c’est l’amour, comme nous le répète inlassablement le Christ tout au long des évangiles. En enfants de lumière, nous sommes appelés à rayonner de l’amour de Dieu qui se vit concrètement dans la relation fraternelle et demande la vérité de nos actes. Cette vérité est l’acte de vouloir le bien et de déployer notre énergie pour le reconnaître, le choisir et ainsi croître en humanité. Mais nous le savons, il faut questionner notre intention pour déterminer avec discernement l’acte posé et questionner la finalité. « Un service rendu a pour fin d’aider le prochain, mais peut être inspiré en même temps par l’amour de Dieu comme fin ultime de toutes nos actions. » 2 Il nous faut comprendre les circonstances, y compris les conséquences, des actes pour en juger. La moralité de la personne qui agit doit donc être comprise sous les trois aspects de choisir un bien comme un impératif, de discerner l’intention et d’analyser les circonstances afin de prendre conscience de toutes les dimensions et de la portée de l’acte en lui-même.

L’amour se vit dans la vérité, c’est-à-dire la contemplation de Dieu qui éclaire notre vie par la Parole et nous fait discerner ce qu’il faut continuer de vivre, et ce qu’il faut changer pour orienter nos désirs vers le meilleur bien. Or, l’errance du mal nous fourvoie dans les impasses mortifères de nos choix de vie, doublé en cela d’une confrontation au Tentateur qui vient mettre le doute dans notre relation à Dieu et l’image qu’Il a mise en nous. Il nous faut choisir Dieu et vivre ce choix dans l’affirmation de la beauté de la vie et du don inestimable de la grâce que Dieu nous donne tout au long de notre existence. La vie dans l’Esprit est cette expérience de Dieu concrète, elle nous demande sans cesse de discerner le meilleur bien. Dans ce discernement, nous sommes appelés à regarder chaque jour comment vivre mieux cet appel de la grâce à rayonner de la présence du Seigneur. « Il me guide par le droit chemin,
pour l’amour de son nom » 3 . Comment celui qui est la vérité même pourrait-il me conduire par un chemin qui ne serait pas le vrai chemin, la bonne route, la voie droite ? » 4 Sans cesse, il faut réitérer notre choix de faire la volonté du Seigneur et de suivre ses préceptes au plus profond de notre cœur.

La montée vers Pâques est une ascension vers la révélation du Christ Sauveur. Il nous faut opérer les changements nécessaires afin d’être réceptifs à la présence de l’Esprit Saint et de reconnaître l’œuvre du Père pour vivre pleinement la contemplation dans le chant d’action de grâce. L’amour se vit dans la communion comme nous le révèle la Trinité, mais aussi dans la création. « L’homme est devenu image et ressemblance de Dieu non seulement à travers sa propre humanité mais aussi à travers la communion des personnes. » 5 Cette conversion à effectuer est donc l’articulation entre notre volonté de nous conformer à la volonté du Seigneur et de vivre en communion afin de rechercher ensemble comment marcher sur ses traces pour gouter au salut. La vie de l’Esprit est donc une expérience personnelle à faire en communauté dans le discernement personnel et fraternel afin de reconnaître l’action de Dieu dans notre histoire et dans celle de l’Église que nous sommes.

Père Gregoire BELLUT -Curé – Doyen