« Garde mes disciples unis dans ton nom »
« Garde mes disciples unis dans ton nom »
« Garde mes disciples unis dans ton nom »
Depuis la semaine sainte, d’édito en édito, nous avons réfléchi sur l’implication de notre vie communautaire et personnelle à la suite du Christ. Pour cela, j’ai repris les cinq critères fondamentaux proposés par Jean Paul II dans Christi fideles laici, à savoir :
« _ Le primat donné à la vocation de tout chrétien à la sainteté,
_ L’engagement à professer la foi catholique,
_ Le témoignage d’une communion solide et forte dans sa conviction,
_ L’accord et la coopération avec le but apostolique de l’Église, :
« l’évangélisation et la sanctification des hommes »
_ L’engagement à être présents dans la société humaine pour le service de la dignité intégrale de l’homme, conformément à la doctrine sociale de l’Église. »[1]
Le Saint Pape donne les critères pour le discernement ecclésiale des associations de laïcs. Au cours de nos éditos, nous avons éclairé ce qui est de l’ordre du cheminement personnel et du cheminement communautaire, et pour la seule et même raison que l’un et l’autre sont liés. Le temps qui nous conduit vers la Pentecôte est celui de relire nos propres pratiques en témoin fiable du Christ dans le souffle de l’Esprit Saint et de retrouver la ferveur de l’annonce de la foi par le témoignage de vie. L’amour en acte est signe de vérité. Nous sommes donc appelés à partager le sens de Dieu à ceux que nous rencontrons. Le Christ, par sa lumière, axe notre vie pour les fins dernières, et tout retrouve sa cohérence, et sa finalité lorsque nous comprenons que c’est avec Dieu que nous sommes appelés à la communion pour l’éternité. Le pourquoi la vie devient le pour qui la vie, la personne du Christ nous attire vers le Père dans le souffle de l’Esprit.
Néanmoins, dans un discernement prudentiel, il nous faut aussi relire nos pratiques à la lumière des points proposés comme des signes tangibles de notre activité missionnaire. Sommes-nous attentifs à développer la sainteté dans notre apostolat et à professer notre foi sans relativisme ? Parfois l’argumentation première est de comparer aux autres pour justifier une position délétère. Or la radicalité de l’amour demande un engagement sans compromission. L’attente de l’Esprit Saint est l’occasion pour nous d’entendre la Parole comme fécondité d’avenir. « Un homme raisonnable dirige son esprit à l’intérieur et le fait descendre dans son cœur. Alors la grâce de Dieu l’illumine et il se trouve dans un état paisible et supra paisible ; paisible, car sa conscience est en paix ; supra paisible, car au-dedans de lui il contemple la grâce du Saint Esprit »[2] Tout critère se lit à l’aune de la vie de l’Esprit et des fruits. Mais les signes tracent un chemin de discernement selon des critères fiables.
Les questions se bousculent encore. Sommes-nous capables de vivre dans la complémentarité des ministères et en communion avec chacun pour coopérer à cette construction de la civilisation de l’amour ? Parfois l’esprit de compétition missionnaire tourne au culte de la personnalité, parfois à une forme de vanité, pauvre sentiment bien illusoire. Etre au service demande toujours la recherche de communion. Pour l’authentifier, il faut nous questionner sur ce qu’on dit de nous dans le monde. Notre engagement au service de la charité rayonne-t-il au cœur de la cité ? Des questions qui vérifient et permettent de vérifier l’authenticité de notre témoignage. L’engagement dans notre vocation baptismale est d’être disciple mais aussi de rendre compte de la grâce dans le partage de cette joie par la mission. Un appel à conformer notre vie au Christ et une volonté de répondre au critère de l’Évangile, au service de la Parole de vie en serviteur bon et fiable pour la joie du Maitre.
Il ne suffit pas d’être de bonne volonté, mais bien de discerner à travers la tradition apostolique, ce qui porte du fruit, et d’encourager les bonnes initiatives dans ce développement fécond des cinq points de vigilance rappelés ici. Dans tout discernement, il nous faut des critères, et lorsqu’ils sont exécutés, alors nous pouvons y voir le souffle de l’Esprit. Lorsque nous parlons le langage de l’amour, la bonne grammaire de la vie est utilisée pour permettre la fécondité de l’Église et le murissement personnel. Cette grammaire passe par des points relus dans l’expérience de l’Église, comme des phares d’attention sur le chemin qu’il nous faut suivre.
Exercer notre volonté est de notre responsabilité pour signifier la liberté de l’amour. Le souci et la nécessité de développer les pôles d’attention viennent de ce que rappeler l’annonce du kérygme passe par des signes tangibles, et qu’il nous faut relire ces signes pour éviter tout ambiguïté en Église. L’engagement comme disciple du Christ n’est pas une aventure en solitaire, ni même sans boussole. Au contraire, l’inattendu de l’Esprit Saint nous conduit toujours par des chemins parfois surprenants d’une annonce de conversion et d’attente du Salut au cœur de la tradition et de la première annonce apostolique. Dieu s’inscrit dans notre histoire sur un sillon patiemment labouré. Le discernement n’est donc aucunement une marque de défi, un geste de méfiance mais bien une vérification de ce qu’il nous faut vivre aujourd’hui. La proposition du Pape Jean Paul II entre dans cette dynamique d’une vision large de l’apostolat des laïcs dans les charismes propres à chacun. Il ne s’agit pas de mettre tel ou tel axe comme une priorité, mais de regarder, dans l’ensemble, s’il y a une cohérence d’action. Ce qui est vrai pour notre aventure intérieure et notre histoire spirituelle, l’est aussi pour la communauté, dans une autre dimension certes, mais toujours dans la complémentarité. « DE son amour je veux être embrasée, je veux Le voir, m’unir à Lui toujours voilà mon ciel… voilà ma destinée ; Vivre d’amour »[3]
Que ce temps d’ascension qui nous conduit à la Pentecôte soit pour nous l’occasion d’aller à la rencontre du Vivant dans un discernement de la grâce à travers la communion fraternelle, et de continuer le chemin vers la sanctification personnelle et communautaire. « Celui qui proclame que Jésus est le Fils de Dieu, Dieu demeure en lui, et lui en Dieu. »
Père Gregoire BELLUT – Curé – Doyen
[1] &30 Christi fideles Laici – Jean Paul II
[2] Les instructions spirituelles – de la paix de l’ame, Seraphim de Sarov p 186 Sa vie.
[3] P 670 Œuvres complètes – Thérèse de Lisieux PN 17 – vivre d’amour