Homélie pour le dimanche des Rameaux et de la Passion

Chers amis, avec ce dimanche des rameaux et de la Passion, nous
entrons dans la Semaine Sainte qui va nous conduire à Pâques.
La liturgie nous offre même aujourd’hui comme un résumé à l’envers de cette
Semaine Sainte : nous commençons, avec nos rameaux à la main, par le
rappel de l’accueil triomphal de Jésus à Jérusalem … comme pour anticiper sur
la fête par excellence qu’est Pâques, le triomphe du Ressuscité sur la mort et le
péché. Et puis nous écoutons, aux pieds du Christ mort, ce long récit de la
Passion… la Passion que nous méditerons, dans la version de Jean, le
Vendredi Saint. Nous entrons enfin dans l’eucharistie du Seigneur, celle-là
même que nous fêterons le Jeudi Saint. Un résumé à l’envers de la semaine
sainte, donc…

Les rameaux et la Passion… un couple indissociable !

Les rameaux sans la Passion, ce serait risquer de tomber dans la
superstition en attribuant des pouvoirs quasi magiques à de simples feuillages.
Ce serait surtout se méprendre sur la royauté de Jésus : Jésus n’est vraiment
roi que sur la croix… lorsqu’il est dépouillé de tout et, par amour, fait le don
suprême de sa vie.

Nous sommes nombreux aujourd’hui à le suivre pour faire la fête en ce
dimanche des rameaux, et c’est bien. Mais combien serons-nous demain à le
suivre sur le chemin du service lorsqu’il s’agira de prouver, par notre manière
de vivre la vie professionnelle ou familiale, que nous sommes disciples de Celui
qui s’est fait serviteur ? Nous sommes comme ces foules de Jérusalem, tout
aussi inconstants… parfois heureux d’accueillir Jésus dans nos vies… mais tout
aussi capables de refuser de le voir et même capables de l’éliminer lorsque sa
rencontre risque de trop chambouler notre vie…
Les rameaux sans la Passion, ce serait se tromper de bonheur : Jésus ne
promet pas un bonheur facile. Si l’on prend le même chemin que Jésus, tôt ou
tard il nous faudra rencontrer la croix. Les rameaux sans la Passion et sans
Pâques, c’est passer à côté de l’essentiel.

Mais la Passion sans les rameaux, ce n’est guère mieux ! Ce serait en effet
se complaire de manière malsaine dans la douleur. Ce ne sont pas les
souffrances du Christ qui nous sauvent, mais c’est l’amour qu’elles révèlent qui
nous sauve ! La croix du Christ n’est notre fierté que parce qu’il est vraiment le
Seigneur Ressuscité ! Son chemin, même difficile, est bonne nouvelle parce
qu’il ne s’est pas arrêté au Golgotha !

Chers amis, ne séparons pas dans nos vies ce que nous unissons dans
la liturgie : ces rameaux seront dans nos maisons le rappel que nous voulons
être les disciples du Ressuscité ; et la croix de Jésus nous empêchera de rêver
d’un autre chemin que celui qu’il nous a montré !

 

P. Philippe LOUVEAU